Congo-Brazzaville : la justice s’allie-t-elle aux faussaires pour s’approprier l’héritage de Waly Diawara ?


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Drapeau du Congo
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Un an après le décès de Waly Diawara, une bataille judiciaire en République du Congo met en lumière des manœuvres suspectes pour s’emparer de son héritage.

Un an après le décès de l’opérateur économique malien Waly Diawara, son héritage est devenu l’objet de convoitises acharnées, révélant les sombres coulisses de la justice congolaise. De Bamako à Brazzaville, les biens du défunt, qui auraient dû revenir à ses enfants conformément aux rites musulmans, semblent aujourd’hui être la cible de manœuvres douteuses orchestrées par certains membres de sa famille, en complicité avec des représentants de la justice et des banques locales. Cette affaire, loin d’être un simple conflit familial, met en lumière un système judiciaire où la quête de justice cède souvent le pas à des intérêts personnels.

Les manigances des cohéritiers

Les troubles commencent lorsque deux frères de la famille Diawara, Mamadou et Abidi, associés de la société SAFA et cohéritiers de Waly Diawara, soustraient frauduleusement le titre foncier d’un immeuble appartenant au défunt. Avec la complicité d’un avocat et d’une notaire, ils transforment cette appropriation illégitime en une prétendue donation effectuée à leur profit depuis 2008.

Ce faux document leur permet de lever 1,7 milliard de francs auprès de la LCB BANK AFRICA au nom de leur société. Cette manœuvre habile met en branle une série d’événements qui laisse peu de place au doute : le patrimoine du défunt est en train de glisser hors des mains de ses héritiers légitimes.

Un procès kafkaïen : quand la justice déraille

Face à ces manœuvres, Oumar Diawara, l’un des fils du défunt, décide de contre-attaquer en déposant une plainte pour faux, usage de faux, et blanchiment de capitaux contre ses deux frères. Pourtant, ce qui aurait dû être une simple procédure judiciaire se transforme en un véritable cauchemar juridique.

Initialement saisi, le juge du 7ème cabinet du tribunal de grande instance de Pointe-Noire se voit dessaisi au profit de son homologue du 4ème cabinet d’instruction de Brazzaville, et ce, sans notification préalable au plaignant. Plus inquiétant encore, un mandat d’amener est émis contre Oumar Diawara, l’accusant d’avoir dénoncé ses frères pour prolifération d’armes légères.

Ce renversement de situation soulève plusieurs questions : pourquoi dessaisir un juge compétent pour confier l’affaire à un autre sans explication ? Pourquoi interpeller Oumar Diawara alors que le dossier est toujours en cours ? Tout cela suggère un jeu de pouvoir où la justice est instrumentalisée pour servir des intérêts privés.

Les zones d’ombres d’un système judiciaire compromis

Le dessaisissement du tribunal de Pointe-Noire au profit de celui de Brazzaville semble obéir à une logique bien plus pernicieuse : celle de museler une voix gênante pour rétablir l’équilibre des forces en faveur des faussaires. L’objectif ? Permettre à ceux qui tirent les ficelles de garder le contrôle de l’affaire et d’étouffer toute tentative de rétablir la vérité.

Le silence complice des autorités congolaises ne fait qu’accentuer les soupçons. Si le bien litigieux a effectivement été réintégré dans la succession au Mali, cela prouve que la donation supposée n’a jamais été régulière et que le titre foncier avait bel et bien été volé. Pourtant, la machine judiciaire semble s’acharner contre Oumar Diawara, victime d’un système où la corruption et l’abus de pouvoir règnent en maîtres.

L’appel à la cour africaine des droits de l’homme et des peuples

Face à l’inaction des autorités congolaises et à la menace imminente qui pèse sur lui, Oumar Diawara a décidé de porter l’affaire devant la Cour Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. En parallèle, la commission bancaire a été saisie pour examiner les accusations de blanchiment de capitaux liées à cette affaire.

Cet ultime recours à la justice internationale souligne la gravité de la situation et le besoin urgent de transparence et de réformes dans le système judiciaire congolais. Alors que l’affaire continue de faire des vagues, elle pose une question cruciale : qui, au sein de l’État congolais, aura le courage de sonner le glas et de rétablir la justice ?

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