15 août 1960 – 15 août 2023, cela fait exactement 63 ans que la République du Congo a accédé à la souveraineté nationale et internationale. A l’occasion de l’anniversaire de cette indépendance, AFRIK s’est entretenu avec Chantal Malion, présidente la de Fédération des forces sociales pour le progrès. (FFSP), une plateforme qui regroupe à la fois des partis politiques, la société civile, les ONG, et les représentants des églises et des chefs traditionnels dans les différents départements du Congo. Elle revient, sur un ton d’analyste, sur l’état de la démocratie, de la liberté d’expression et propose quelques pistes pour l’avancement de son pays.
Interview
AFRIK : Comment évaluez–vous la situation au Congo après 63 ans d’accession à l’indépendance ? A-t-elle évolué de 1960 jusqu’à aujourd’hui ?
Chantal Malion : Il est difficile de dresser un tableau complet de la situation en République du Congo, après 63 ans d’indépendance. Bien qu’il soit évident que la situation ait connu des évolutions aussi bien positives que négatives, depuis 1960. Certaines réussites, qui peuvent être soulignées, notamment en matière d’infrastructure, d’éducation et de santé, sont aujourd’hui en mauvais état de fonctionnement. Il existe également de nombreux défis persistants tels que la corruption, les inégalités socio-économiques et les violations des droits de l’homme.
Après 63 ans d’accession à l’indépendance, le Congo a été confronté à de nombreux défis, tels que des troubles politiques, des conflits armés, les détournements de fonds publics et scandales financiers impunis, la corruption, la pauvreté et un développement socio-économique insuffisant. Ces facteurs ont entravé la croissance et le progrès du pays. D’un point de vue positif, le Congo a connu une certaine stabilité politique, ces dernières années, assise sur la peur imposée aux populations, des atteintes à la sécurité sociale, avec une sécurité publique outrancière. De plus, le pays a commencé à attirer des investissements étrangers dans des secteurs tels que l’exploitation minière, le pétrole et l’agriculture. Mais le pays n’enregistre aucun bénéfice significatif.
Il nous faut noter que l’évaluation de la situation au Congo peut varier en fonction des perspectives et des opinions individuelles.
La pauvreté reste un défi majeur, avec une minorité de la population qui vit dans une choquante opulence tandis que du Nord au Sud, et de l’Est à l’Ouest, le peuple vit dans des conditions précaires, avec un accès limité aux services de base tels que l’éducation, les soins de santé, l’eau potable et l’électricité. Il nous faut noter que l’évaluation de la situation au Congo peut varier en fonction des perspectives et des opinions individuelles. Certains peuvent considérer, à juste titre, les progrès réalisés depuis l’indépendance comme largement insuffisants, tandis que d’autres peuvent se satisfaire aveuglement des efforts déployés dans certains domaines, mais à quels coûts exorbitants ! Alors qu’il y a beaucoup de choses à faire pour le bien-être des populations. La situation actuelle du pays est vraiment déplorable.
63 ans après, pouvons-nous dire que les Congolais n’ont pas su capitaliser les acquis de l’indépendance de leur pays ?
À ce jour, on se doit de reconnaître que les Congolais n’ont pas pu capitaliser les acquis de leur indépendance. Surtout que le pays a fait face à des troubles politiques, des conflits armés et des crises économiques, qui ont entravé son développement. On se doit de reconnaître que le développement d’un pays nécessite un bon paradigme, mais la mal-gouvernance, appuyée au manque de volonté politique, a créé des obstacles sur cette voie. D’où la non capitalisation des acquis de l’indépendance.
Sur le plan politique, quel état des lieux faites-vous de la démocratie et de la liberté d’expression au Congo ?
La situation en République du Congo est caractérisée par une démocratie fragile et des restrictions à la liberté d’expression. Des élections ont eu lieu, mais certains acteurs politiques et membres de l’opposition, candidats aux élections présidentielles, qui ont signalé des irrégularités et des atteintes à la transparence du processus électoral, se sont retrouvés en prison, sous prétexte d’atteinte à la sécurité de l’État. La liberté de la presse est également souvent limitée, il est donc important de renforcer les institutions démocratiques du pays et de garantir une plus grande liberté d’expression pour permettre une véritable démocratie et un débat politique ouvert et pluraliste. Encourager le dialogue politique et la résolution pacifique des conflits pour favoriser la stabilité politique, économique et sociale.
Face aux maux qui entravent l’élan du développement du Congo, quelle piste de solution proposez-vous en tant qu’actrice socio-politique ?
Devant la déliquescence de mon pays, en tant qu’actrice socio-politique, je me dois de proposer plusieurs pistes de solution pour surmonter les nouveaux maux qui entravent le développement du Congo. Renforcer l’état de droit : Il est fondamental d’établir une culture de responsabilité et de transparence qui permettra de ramener la confiance entre les citoyens et l’État. Il faut renforcer la justice et les droits de l’Homme pour garantir l’application équitable de la loi et promouvoir la confiance dans le système judiciaire
Il est essentiel de :
– Renforcer les institutions démocratiques. Cela implique également d’améliorer la gestion des ressources publiques et de lutter contre la mauvaise gestion et la malversation au sein de l’administration publique. Encourager la participation et l’implication de tous les acteurs de la société dans les processus de décision et de développement du pays.
– Investir dans les infrastructures : Le développement des infrastructures de base (routes, électricité, eau potable, réseau de télécommunications) est crucial pour faciliter la mobilité des biens et des personnes, favoriser l’investissement privé et stimuler la croissance économique.
Il est important de mobiliser des ressources nationales et internationales pour financer ces projets.
– Développer le secteur agricole : Le Congo dispose d’énormes ressources agricoles inexploitées, qui nécessitent la mise en œuvre, en soutenant les petits agriculteurs par des politiques agricoles efficaces. Il est plutôt question d’améliorer les infrastructures rurales et de promouvoir l’innovation agricole. Le développement du secteur agricole contribuera à réduire la dépendance alimentaire, à créer des emplois et à réduire la pauvreté.
– Investir dans l’éducation et la formation : Il est important d’investir dans l’éducation de base ainsi que dans l’enseignement technique et professionnel pour assurer une base solide pour le développement humain. Ceci permettra de former une main-d’œuvre qualifiée et d’améliorer les compétences des jeunes, favorisant ainsi leur employabilité et leur accès à des emplois décents.
– Promouvoir le commerce et l’investissement : Il est crucial de promouvoir un environnement favorable aux affaires en simplifiant les procédures administratives, en réduisant la bureaucratie et en favorisant le climat des investissements, dans le respect de l’État de droit. Le développement du commerce intrarégional et la diversification des exportations contribueront également à stimuler la croissance économique et à créer des emplois.
– Favoriser la diversification économique et la création des industries de transformation et développer les industries agro-alimentaires et du tourisme, ainsi que l’industrie des produits halieutiques, afin de réduire la dépendance excessive aux industries extractives et favoriser la création d’emplois.
Ces pistes de solutions peuvent contribuer à créer un environnement propice au développement durable du pays. Cependant, elles nécessitent un bon paradigme de développement et une volonté politique avérée, ainsi qu’une participation active de tous les acteurs du développement, afin de réaliser des progrès significatifs.