La rébellion dans l’ouest de la Libye a affirmé ce mercredi qu’il est impossible de trouver une solution politique avec le régime de Mouammar Kadhafi. Une position qui prend à contrepied celle adoptée par le régime, dont le Premier ministre a affirmé, lors d’un entretien accordé au Figaro paru mardi, que le régime est prêt à négocier sans conditions avec le Conseil national de transition (CNT) ainsi que l’OTAN.
L’Imbroglio politique se poursuit en Libye. « Jusqu’à présent, il est impossible de trouver une solution politique : Kadhafi veut rester en place et les rebelles ne le veulent pas ». C’est ce qu’a déclaré ce mercredi le colonel Juma Brahim, chef du centre militaire opérationnel de la rébellion du Djebel Nefoussa, dans l’Ouest du pays, basé à Zenten. Selon lui, Mouammar Kadhafi cherche à gagner du temps car il est acculé par l’offensive des rebelles de l’Ouest, lancée la semaine dernière pour tenter d’encercler Tripoli. Il estime que le dirigeant libyen « cherche une solution pacifique parce qu’il est affaibli. Tous les soldats et les équipements de l’armée régulière passent dans notre camp un par un. Nous avançons lentement mais nous ne nous arrêtons pas et nous ne faisons pas marche arrière ».
Ces propos interviennent au lendemain des déclarations du Premier ministre libyen, Baghdadi Al-Mahmoudi, qui a affirmé lors d’un entretien accordé au quotidien français Le Figaro, paru mardi, que le pouvoir « est prêt à négocier sans conditions » et que « Kadhafi est prêt à respecter la décision du peuple libyen ». Il a assuré que le Guide libyen « n’interviendra pas dans ces discussions. Tout doit être libre ». Il estime que « le dialogue doit avoir lieu avec toutes les parties, en vue de mettre en place un nouveau système politique ». « Nous n’avons aucune difficulté à parler avec les gens du Conseil national de transition (CNT) Nous nous connaissons bien, certains étaient même au gouvernement. En Libye, les liens restent très tribaux, on peut régler très vite nos différents entre nous », a-t-il assuré. Baghdadi Al-Mahmoudi a toutefois mis comme préalable la cessation des bombardements de l’OTAN. Selon lui, on ne peut pas parler sous les bombes ».
Le régime libyen disposé au dialogue
Le régime libyen est disposé à mener des discussions pour une issue à la crise. Mais de son côté, la France, dont le Parlement a voté mardi par 482 voix contre 27 la prolongation de l’intervention militaire en Libye, qui a débuté le 19 mars, n’envisage pas de négociations sans le départ de Mouammar Kadhafi. Une position que le dirigeant libyen a jugée mardi, pour sa part, « difficile à comprendre » d’un point de vue militaire. « D’un côté elle vous aide, de l’autre elle parle au régime de Kadhafi. Politiquement c’est possible mais pas militairement », a-t-il estimé.
La France a toutefois fait état mardi de contacts avec des représentants de Tripoli sans qu’il s’agisse « véritablement de négociations ». « Le régime libyen envoie des messagers partout : en Turquie, à New York, à Paris », a déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, sur France Info. « Nous recevons des émissaires qui nous disent : voilà, Kadhafi est prêt à partir, discutons-en » a-t-il ajouté. Il a souligné que la France estime que « les conditions d’un cessez-le-feu ne sont pas réunies ». Les conditions d’un arrêt des bombardements sont d’après lui « le retrait des troupes dans les casernes, un contrôle des Nations unies, et une déclaration sous une forme à déterminer de Kadhafi annonçant qu’il se retire du pouvoir politique et militaire».
Même son de cloche pour les Etats-Unis. Le président américain, Barack Obama, a indiqué lundi à son homologue russe, Dmitri Medvedev, que son pays est prêt à soutenir des négociations pour une transition démocratique en Libye, à condition que le dirigeant libyen quitte le pouvoir.
Le numéro deux de la rébellion libyenne, Mahmoud Jibril a, quant à lui, réfuté ce mercredi des accusations d’exactions commises dans l’ouest du pays, portées contre les insurgés par l’ONG Human Rights Watch (HRW). « Ce n’est plus le cas dans les zones libérées », a-t-il affirmé à la presse qui l’interrogeait sur le sujet, à l’issue d’une réunion à Bruxelles avec les chefs de la diplomatie des trois pays du Benelux (Belgique, Luxembourg, Pays-Bas), qui ont à leur tour reconnu le CNT basé à Benghazi, comme le représentant légitime du peuple libyen.