Conflit en RDC : le Rwanda rompt ses relations diplomatiques avec la Belgique


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Le Président Paul Kagame indexé par le FBI
Le Président rwandais, Paul Kagame

Le Rwanda a annoncé, ce lundi, la rupture immédiate de ses relations diplomatiques avec la Belgique et a ordonné aux diplomates belges de quitter le pays sous 48 heures. Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes autour du conflit en République démocratique du Congo (RDC), où Kigali est accusé de soutenir le groupe rebelle M23.

La tension était palpable entre la Belgique et le Rwanda depuis l’escalade de la violence à l’est de la RDC où le M23 accusé d’être soutenu par le Rwanda avance depuis quelques semaines, prenant le contrôle de plusieurs localités des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Ces dernières semaines, Bruxelles a plusieurs fois milité pour la prise par l’Union européenne de sanctions contre le régime de Kigali. Au point où le Rwanda a dû décider de passer à l’étape supérieure en rompant purement et simplement ses relations diplomatiques avec son ancienne métropole.

Un divorce aux lourdes implications dans un contexte tendu

Dans un communiqué officiel, le ministère rwandais des Affaires étrangères a justifié cette mesure en accusant Bruxelles de « prendre parti pour Kinshasa » et de tenter de « maintenir ses illusions néocoloniales ». Le gouvernement rwandais reproche notamment à la Belgique d’avoir influencé la récente adoption par l’Union européenne de sanctions contre des personnalités rwandaises, accusées de soutenir l’offensive du M23 dans l’est de la RDC.

Lire le post de Kigali

En réaction, la Belgique a immédiatement déclaré les diplomates rwandais persona non grata et suspendu plusieurs accords de coopération. Le ministre belge des Affaires étrangères, Maxime Prévot, a dénoncé une décision « disproportionnée » et regretté « l’absence de dialogue » de la part du Rwanda.

Lire la réponse de la Belgique

Cette rupture marque une détérioration majeure des relations entre Kigali et Bruxelles, historiquement liées par un passé colonial commun. La Belgique, ancienne puissance coloniale du Rwanda et de la RDC, a récemment plaidé pour la suspension de l’aide au développement destinée au Rwanda en raison de son implication présumée dans le conflit congolais. Kigali, pour sa part, rejette ces accusations et accuse la communauté internationale de faire preuve de partialité en faveur de Kinshasa. Cette crise diplomatique pourrait avoir des répercussions importantes sur la stabilité de la région des Grands Lacs, déjà marquée par des décennies de conflits.

Quelles conséquences ?

Au-delà des relations bilatérales entre la Belgique et le Rwanda, cette rupture soulève des interrogations sur l’avenir de la coopération internationale dans la région. L’Union européenne, sous la pression de Bruxelles, pourrait revoir sa politique envers Kigali. Par ailleurs, cette crise pourrait exacerber les tensions en RDC, où les affrontements entre les forces congolaises et le M23 continuent d’alimenter une crise humanitaire majeure.

Le moment choisi par le Rwanda pour annoncer la rupture des relations diplomatiques est-il anodin ? Tout semble indiquer que non, puisque cette décision intervient tout juste à la veille de l’ouverture à Luanda des négociations directes RDC-M23 sous l’égide de João Lourenço. Des négociations que l’on savait d’avance difficiles.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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