
Si le ridicule ne tue pas, il met surement mal à l’aise. L’embourbement dans lequel l’Afrique se laisse traîner depuis le début de ce conflit, risque de friser le ridicule.
Qui peut ne pas se moquer de l’impuissance des forces régionales, arrivées à l’Est du Congo, tambour battant, avec de vieux blindés ayant servi à la Première Guerre mondiale ! Escortés par des gaillards costauds, en lunettes fumées et en tenue de camouflage, leur impressionnant décor semblait nous persuader de la fin imminente du conflit. Hélas, leur présence n’aura rien changé. La guerre a continué à tuer et à violer les femmes sous leurs yeux, incapables de venir au secours à ces dernières qui espéraient enfin voir le bout du tunnel.
Si ces bataillons dépêchés en RDC avaient compté davantage de femmes que d’hommes dans leurs rangs, les combattantes n’auraient surement pas abandonné leurs sœurs en proie aux désirs forcenés de délinquants sexuels en errance. Elles auraient mis hors d’état de nuire ces violeurs en tenue militaire, par les armes ou par la force naturelle incarnée par la femme. Cette dernière a mobilisé récemment le monde entier, le 8 mars, pour rappeler, comme tous les ans, que ses droits doivent être impérativement respectés. C’est un combat loin d’être gagné, tant on sait à quel point la condition féminine, à l’Est du Congo notamment, est continuellement rudoyée par la guerre, sans aucun droit. Pour l’instant, la communauté internationale et les journalistes sont seulement capables d’égrainer des chiffres impressionnants de femmes violées et d’enfants tués. C’est tout !
Pour revenir au sujet, on se souvient de mémoire que la force régionale Est-Africaine (EAC-RF) est arrivée à Goma en novembre 2022. Elle a commencé à quitter la RDC en décembre 2023. Très vite, les militaires de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) ont pris le relais. Le retrait progressif de ces derniers vient d’être annoncé. Le départ est déjà engagé alors que la guerre fait rage et la situation humanitaire atteint un niveau d’inquiétude sans précédent.
Le HCR évoque « le déplacement de plus de 7.3 millions de personnes dans les régions du Kasaï, du Tanganyika, de l’Ituri et des Kivus. Les personnes fuient leur foyer à un rythme inquiétant, tandis que l’aggravation de la violence détruit des vies et des moyens de subsistance dans l’ensemble du pays ».
Dans de telles conditions, la région et tout le continent devraient avoir plutôt honte d’avoir abandonné la population en grande souffrance. Ils devraient interroger leur engagement militaire dans des conflits d’une telle ampleur, tant ils n’ont pas assez évalué la dimension stratégique, eu égard à leur capacité d’intervention. Les deux organisations sous-régionales qui ont envoyé les militaires devraient réellement s’inquiéter de leur raison d’être et surtout de leur crédibilité face leurs citoyens et à leurs partenaires internationaux.
Hormis la présence militaire à l’Est du Congo vouée à l’échec, on peut aussi questionner la médiation politique engagée de-ci de-là sur le continent africain et la nomination de mille médiateurs ! Sous prétexte de recherche d’une solution africaine aux problèmes africains, il faut très clairement l’avouer, l’Afrique n’y arrive pas toute seule. Reconnaître ses faiblesses et demander de l’aide, ce n’est pas un défaut ni une faiblesse.
Contrairement à l’armée sous régionale, la médiation politique africaine devrait désormais, si elle veut à son tour éviter le ridicule, demander rapidement une vraie aide politique et diplomatique, substantielle et conséquente de la communauté internationale pour faire respecter les accords signés.
Autrement, l’Afrique continue à tourner en rond devant ce conflit qui a déjà tué plus de 10millions de personnes, alimenté par certains envieux cyniques et hypocrites qui ne cherchent qu’à profiter du chao.