Pékin est toujours en désaccord avec le reste de la communauté internationale sur la façon d’obliger le Soudan à tenir ses engagements, comme celui, fait le 12 juin, d’accepter le déploiement d’une force UA/ONU au Darfour. Les pays et organisations participant à la conférence de Paris ont insisté lundi sur la nécessité de faire pression sur Khartoum, comme sur les rebelles, pour parvenir à un accord politique.
Si le président Omar el Béchir choisit la confrontation avec l’ONU sur le déploiement de Casques bleus au Darfour, « il en subira les conséquences », avait prévenu Condoleeza Rice le 27 septembre 2006. Lundi, lors de la Conférence internationale de Paris sur le Darfour, la secrétaire d’Etat américaine s’est voulue aussi ferme, quelques semaines après que son pays a pris de légères sanctions économiques contre le Soudan. Elle a répété, comme depuis plusieurs mois, que « la communauté internationale ne peut pas continuer à rester sans rien faire », rejointe par le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki Moon, et par le président français Nicolas Sarkozy, qui a fait du règlement de la crise au Darfour l’une de ses priorités en politique étrangère.
Mais lundi, c’est la Chine que l’on voulait entendre. Pékin est accusé de bloquer toute résolution contraignante du Conseil de sécurité de l’ONU en raison de ses relations commerciales privilégiées avec Khartoum. Or, le Soudan ayant coupé l’herbe sous le pied de la France, en acceptant le 12 juin le déploiement d’une force hybride UA/ONU de 20 000 hommes au Darfour, la Conférence devait tenter d’obtenir de ses invités une vision unie sur la manière d’empêcher Omar el Béchir de faire de nouveau marche arrière le moment venu.
Sur ce point, comme Condoleeza Rice, le vice-ministre des Affaires étrangères chinois est resté sur ses positions. « La communauté internationale doit s’efforcer d’envoyer un signal positif et équilibré : il ne faut pas, pour un oui ou pour un non, menacer et faire pression sur le gouvernement du Soudan », a expliqué Liu Guijin. Cela donnerait de « faux signaux » qui seraient « défavorables » pour la construction de la confiance entre le gouvernement et les rebelles. Le président Omar el Béchir m’a dit que « le gouvernement est près à venir à la table de négociation, n’importe quand, n’importe où », a ajouté l’envoyé spécial de la Chine au Soudan, insistant sur la nécessité de faire également pression sur les rebelles.
Faire mieux qu’Abuja
Sur ce point, Ban Ki Moon a demandé « aux rebelles de montrer plus de souplesse et de participer au processus politique ». Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires étrangères, a indiqué qu’« il est indispensable de convaincre les chefs rebelles de se réunir autour d’une table », alors que son homologue suédois a insisté sur la nécessité de faire pression « tout autant sur le gouvernement soudanais que sur les rebelles du Darfour. »
La dernière fois que le gouvernement et les forces rebelles se sont réunis autour d’une table, c’était en mai 2006 à Abuja. La communauté internationale avait alors fait pression pour que les mouvements armés signent un accord qui ne leur convenait pas, provoquant la scission puis des affrontements entre eux. La frange du M/ALS (Mouvement/Armée de libération du Soudan) qui l’avait finalement paraphé, emmenée par Mini Minawi, l’a par la suite regretté, reprochant à Khartoum sa non application.
Les seize pays du groupe de contact élargi sur le Darfour et les six organisations internationales qui ont participé à la Conférence de Paris se sont donnés rendez-vous en septembre prochain.