Le 5 décembre 2023 marque une étape cruciale dans la lutte contre la corruption en Mauritanie avec la condamnation de l’ancien Président Mohamed Ould Abdel Aziz à cinq ans de prison ferme pour enrichissement illicite et blanchiment d’argent. Cette décision de la Cour criminelle symbolise un tournant dans l’histoire politique du pays, même si les seconds couteaux ont été acquittés.
L’ancien Président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, au pouvoir de 2009 à 2019, a été reconnu coupable par la Cour criminelle spécialisée dans les crimes de corruption. Jugé depuis janvier 2023, il était accusé d’avoir accumulé une fortune considérable à travers des détournements de fonds publics et des affaires de pots-de-vin. Outre la peine de prison, la cour a prononcé la confiscation de ses biens et la déchéance de ses droits civiques, illustrant la gravité des faits reprochés. Une amende de 500 millions d’ouguiyas fait aussi partie de la condamnation.
Cette sentence a été saluée par l’opposition mauritanienne, qui considère ce jugement comme la fin d’une ère de corruption et d’impunité. Par contre, Maître Taleb Kyar, avocat de l’ancien Président a déclaré que « le caractère politique du jugement est apparent, il vise essentiellement l’ancien Président et sa famille et nous entendons naturellement faire appel et poursuivre notre combat comme nous l’avons commencé »
Jugement d’une Présidence entachée de corruption mais acquittement des autres prévenus
Comme le relève Mauriweb, la sentence est cependant partielle car :
- La cour a annulé les procédures contre l’organisation caritative Al Rahma, présidée par le fils de l’ancien Président, Ahmed Ould Mohamed Ould Abdel Aziz.
- Cinq autres accusés, dont deux anciens Premiers ministres et deux anciens ministres du Pétrole, de l’Énergie et des Mines, et un huissier de justice ont été acquittés.
La condamnation de Mohamed Ould Abdel Aziz représente néanmoins un signal fort de la volonté des autorités mauritaniennes et du Président El Ghazouani de tourner définitivement la page de l’ancien régime. Il va pouvoir s’appuyer notamment sur l’homme fort du pays, Mohamed Ould Bouamatou.