La condamnation de l’ex-chef de guerre libérien Alieu Kosiah confirmée en Suisse


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Alieu Kosiah
Alieu Kosiah

En faisant appel de la peine prononcée contre lui en première instance, il y a deux ans, Alieu Kosiah, un ancien chef de guerre libérien, espérait l’acquittement. Mais, sa peine a été confirmée et les chefs d’accusation pesant contre lui ont augmenté.

20 ans de prison ferme ! Tel est le verdict rendu, ce jeudi, par la Cour d’appel du Tribunal pénal fédéral suisse contre l’ex-chef de guerre libérien, Alieu Kosiah. L’homme était l’un des officiers de l’United Liberation Movement of Liberia for Democracy (ULIMO), un mouvement armé rebelle formé en mai 1991 et ayant pris part à la première guerre civile libérienne (1989-1996). Les charges constitutives de crimes de guerre retenues contre l’ancien chef rebelle devenu résident permanent en Suisse sont : 19 meurtres commis par lui-même ou ordonnés par lui, viols, pillages, anthropophagie (il est accusé d’avoir mangé un cœur humain).

Un verdict historique

Reconnu coupable, Alieu Kosiah avait été condamné à 20 ans de prison en première instance. Ayant toujours nié les faits à lui reprochés, il a interjeté appel. Et la sentence a été confirmée par la cour qui a ajouté un nouveau chef d’accusation : celui de crimes contre l’humanité. L’introduction de ce nouveau chef d’accusation dans le dossier d’Alieu Kosiah est une première pour la justice suisse qui ne l’a intégré à son code pénal qu’en 2011. Depuis ce moment, le Ministère public de la Confédération helvétique est habilité à poursuivre ces crimes, même lorsqu’ils ont été commis à l’étranger par des personnes étrangères de passage en Suisse (compétence universelle), comme Alieu Kosiah. La condamnation de l’homme sur ce chef d’accusation de crimes contre l’humanité fait de ce jugement un acte historique, une première dans la Confédération.

Appel à la fin de l’impunité

Alieu Kosiah devient ainsi le premier Libérien condamné dans le cadre de la guerre civile qui a déchiré son pays. Pour l’instant, presque tous les anciens criminels de guerre bénéficient d’une totale impunité. « Plus du 35 ans après le début, 20 ans après la fin (de la guerre civile, ndlr), il n’y a toujours pas eu de justice au Liberia. On espère maintenant – il y a une élection présidentielle à la fin de l’année – que cette quête de justice soit enfin résolue au Liberia pour permettre à la population d’obtenir justice », a laissé entendre Alain Werner, avocat de 4 des 7 plaignants dans l’affaire.

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Par Serge Ouitona, historien, journaliste et spécialiste des questions socio-politiques et économiques en Afrique subsaharienne.
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