Conclave 2025 : l’Afrique en position de force après la mort de François


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Le Cardinal Fridolin Ambongo
Le Cardinal Fridolin Ambongo

La mort du pape François, annoncée hier matin par le Vatican, ouvre une période cruciale pour l’Église catholique. À 88 ans, le pontife argentin s’éteint après un pontificat de douze ans qui aura profondément marqué l’institution par son ouverture aux périphéries et sa vision d’une Église plus proche des pauvres. Son successeur devrait être connu d’ici une vingtaine de jours. Un Pape venu d’Afrique est-il une possibilité crédible ?

Dans environ deux semaines, 135 cardinaux électeurs entreront en conclave pour désigner le 267e successeur de saint Pierre. Ce sont les cardinaux âgés de moins de 80 ans sur les 252 que comptent l’église. Parmi les éléments marquants de cette assemblée : la très forte empreinte du défunt pape, qui a nommé 80% des électeurs, et une représentation africaine historique, avec 18 cardinaux issus du continent, soit 13% du collège cardinalice. « Cette configuration est sans précédent et pourrait enfin donner à l’Afrique la place qui lui revient dans le gouvernement de l’Église universelle« , analyse un observateur du Saint-Siège sous couvert d’anonymat.

Les papabili africains en lice

Plusieurs cardinaux africains figurent aujourd’hui parmi les favoris, ou « papabili ». Le Ghanéen Peter Turkson, 76 ans, chancelier des Académies pontificales et figure reconnue de l’écologie intégrale, bénéficie d’une longue expérience à Rome qui rassure les modérés. Mais son âge relativement avancé est un frein.

Le Congolais Fridolin Ambongo Besungu, 65 ans, archevêque de Kinshasa, s’impose comme une voix puissante pour les pauvres et la paix dans la région des Grands Lacs. Bilingue français-anglais et réformateur dans la ligne de François, il pourrait fédérer au-delà des clivages. Par contre, son engagement politique prononcé, particulièrement dans cette période ou le conflit en RDC se poursuit, pourrait être aussi un problème dans sa candidature.

D’autres noms circulent, comme le Guinéen Robert Sarah, 79 ans, apprécié des conservateurs pour sa profondeur spirituell. Le Centrafricain Dieudonné Nzapalainga, 58 ans, reconnu pour son action de réconciliation pendant la guerre civile, peut représenter un courant plus jeune. Enfin le Rwandais Antoine Kambanda, 66 ans, rescapé du génocide porteur d’un message puissant de pardon est aussi un candidat plausible.

Des obstacles à franchir

Pour être élu, le futur pape devra obtenir 90 voix, soit les deux tiers des suffrages. « Aucun bloc continental n’y parvient seul« , rappelle un vaticaniste de longue date. « Le défi pour un candidat africain sera de construire des ponts entre l’Europe, les Amériques et l’Asie. »

Les cardinaux devront également naviguer entre le désir de poursuivre les réformes engagées par François et les appels à un certain recentrage doctrinal. « Un Africain trop marqué idéologiquement pourrait se heurter à des résistances« , prévient notre source car les Africains sont en général beaucoup plus conservateurs que leurs homologues Européens.

Que changerait un pape africain ?

L’élection d’un pontife issu d’Afrique marquerait un tournant majeur pour l’Église catholique, avec trois impacts principaux attendus : une affirmation claire d’une Église véritablement mondiale décentrée de l’Europe, un accent pastoral renforcé sur la lutte contre la pauvreté et l’écologie intégrale, et l’émergence d’une voix morale puissante venue d’un continent souvent marginalisé sur la scène internationale.

Ce serait un signal fort que l’Église entre vraiment dans le XXIe siècle, où le centre de gravité du catholicisme s’est déplacé vers le Sud considèrent les théologiens, mais l’église est-elle prête à ce changement ? Et si oui, un candidat venu d’Asie, comme le Cardinal de Manille Jose Advincula est aussi une possibilité crédible.

Cependant, il faut savoir aussi que la tradition des conclaves réserve toujours des surprises. Il est très rares qu’un des favoris soient finalement choisi. Pourtant, les observateurs s’accordent sur un point : l’élection d’un pape africain n’est plus une hypothèse lointaine mais une possibilité tangible.

Alors que débute officiellement la période de sede vacante, l’Église universelle se prépare à un conclave qui, quelle qu’en soit l’issue, portera la marque de l’Afrique et de son dynamisme spirituel. La question n’est peut-être plus « Un pape africain est-il possible ? » mais plutôt « Quand viendra son heure ? » et quelle sera l’influence de l’Afrique sur l’élection.

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Fred Krock est un journaliste centrafricain reconnu pour son engagement dans la couverture de l'actualité africaine, notamment à travers ses contributions sur Afrik.com. Fred Krock est aussi directeur de la Radio Lengo Songo à Bangui, en République centrafricaine.
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