Du déjà vu aux Comores. Samedi 3 août, les passagers de l’Airbus 330-220 de la compagnie Yemenia a évité de justesse un crash aérien. L’avion a pu atterrir malgré une grosse frayeur des 292 passagers qui ont dû subir en quelques minutes les images du crash de la même compagnie en juin 2009, au large des Comores. L’avion reste cloué au sol pour des révisions techniques.
Ce samedi 3 août, un Airbus 330-220, immatriculé 70-Adp, de la compagnie Yemenia, avec 292 passagers à bord et 14 membres d’équipage, a évité in extremis la catastrophe aérienne. L’avion en provenance de France, après une escale à Sanaa (capitale du Yémen) est resté cloué au sol pour subir des contrôles techniques qui devraient révéler les causes de ce trouble. Pour l’heure, une fuite de kérosène au niveau des moteurs survenue au moment de l’atterrissage à l’aéroport Moroni-Hahaya, serait la cause de cet incident. Cet événement n’est pas sans rappeler le crash de la même compagnie, le 30 juin 2009, qui a causé la mort des 152 personnes, laissant seulement la vie indemne à une seule passagère à l’époque âgée de 14 ans (Bahia Bacar). Malheureusement, ces faits n’étonnent pas les Comoriens qui continuent pourtant de voyager via cette compagnie « poubelle », face à « l’incapacité » des autorités, qui restent sourdent à ces agitations.
Yemenia continue son business et les Comoriens avec
Aussitôt l’information révélée, l’appel au boycott de la compagnie est lancé. Depuis le crash de l’Airbus 310 de la même compagnie en 2009, au large de Moroni (capitale comorienne), des collectifs nés pour l’occasion ont fait signer des pétitions pour interdire à la compagnie le sol comorien. En vain. Aujourd’hui, ces mêmes associations plaident pour respect de la mémoire des victimes, la prise de conscience des autorités comoriennes face à une telle situation, et surtout à l’arrêt immédiat des vols de la Yemenia dans l’archipel de l’océan indien. Beaucoup de Comoriens qui, par le passé, ont voyagé via cette compagnie ont renoncé à la rependre depuis l’été 2009. Il faut cependant reconnaître qu’ils sont encore nombreux à voyager avec, faute d’alternatives, semble-t-il.
Les autorités comoriennes n’ont pas encore fait de déclaration suite à ce qui a failli être un nouveau drame, mais ont tout de même pris la décision d’interdire le décollage de cet Airbus. « Des mesures insuffisantes » selon l’Association des familles des victimes de 2009, qui demandent beaucoup plus de sanctions. « L’avion est immobilisé au sol, conformément aux procédures et réglementations en la matière. Tout ce qui est maintenance et prise en charge des passagers, c’est à la charge du transporteur », a déclaré à la presse locale, le Directeur général de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie de l’Union des Comores (Anacm), Bourhane Ahmed Bourhane. Mais une fois de plus, ces passagers seront laissés à l’abandon, sans aucun suivi. La compagnie Yemenia avec l’accord de l’aviation civile, aurait demandé aux passagers nationaux en partance de regagner leur domicile, selon le journal Al-Watwan.
Silence-radio
Le plus étonnant dans cette histoire, c’est que malgré cette catastrophe évitée de justesse, les autorités comoriennes ne réagissent toujours pas. Même la télévision nationale des Comores (TNC) n’a pas relayé l’information. Laissant la diaspora comorienne, soucieuse des nouvelles de leurs familles respectives dans l’attente et l’ignorance.
La Tour de contrôle de l’aéroport Saïd Mohamed Cheikh (Moroni-Hahaya) et le Chef de navigation soutiennent ne pas être au courant de cet incident. Et pendant ce temps, les « avions cercueils » continuent de sillonner l’espace aérien comorien.
Selon les médias locaux, les passagers d’origines comoriennes, ont été indemnisés à hauteur de 20 000 francs comoriens. Et les autres passagers étrangers seraient logés dans des hôtels de la capitale comorienne, en attendant l’affrètement d’un autre appareil de la compagnie Yemenia.
La mort moins chère
Ce nouveau cas suscite des questions. La plupart des Comoriens interrogés qui continuent de voyager avec la même compagnie avancent des arguments liés à certains avantages offerts par cette compagnie. Les Comoriens comme beaucoup d’Africains et des Sud-américains aiment voyager les valises pleines. Une « assurance » garantie par Yemenia. Ces mêmes excès de kilos tenus responsables des dommages qui peuvent surgir lors d’un vol. Il semblerait aussi que la compagnie est de 100 à 200 euros moins chère que les autres compagnies (Air Austral, Kenya airways et Air Madagascar). Aussi il faudra rappeler que la Yemenia fait partie des rares compagnies qui desservent encore les îles Comores. La concurrence aérienne n’est pas relevée aux Comores, ce qui pousse certaines personnes à dire qu’ils n’ont malheureusement pas le choix, s’ils doivent aller rendre visite à leurs familles restées aux Comores.
La solution devrait donc venir des autorités politiques. Toutefois, les nombreuses associations comoriennes, et franco-comoriennes ne cessent d’appeler au boycott de la compagnie Yemenia.