Le nouvel album de Chamsia Sagaf est maintenant dans les bacs. Ce quatrième opus de l’artiste comorienne, Loléya, fait preuve d’une remarquable maturité musicale et rivalise sans complexe avec les meilleures productions afro-zouk du moment.
Du zouk comorien. Le mélange est assez intriguant en soi pour valoir le détour. Mais plus qu’une simple curiosité, le dernier album de Chamsia Sagaf, Loléya, développe une véritable qualité artistique dont certaines productions afro-zouk aimeraient bien se prévaloir. Musicalement abouti, il révèle une artiste de talent distribuée en France pour la première fois.
Première femme comorienne à balayer les tabous religieux et culturels en se produisant sur scène devant un public mixte, Chamsia a aujourd’hui cinq disques à son actif. Elle a conquis son public dans tout l’océan Indien par une combinaison novatrice : reprendre les mélodies de morceaux traditionnels et les réorchestrer en afro-zouk. Une fusion qui séduit. D’autant que ses textes abordent d’importants thèmes de société tels que l’émancipation de la femme ou encore la rigidité de l’éducation dans les familles africaines.
En duo avec Rohff
Loléya n’a musicalement rien à envier à personne. Les compositions zouk, solides, bénéficient d’une bonne section cuivre qui nous rappelle le bon vieux zouk d’antan. Aux cuivres, aux percussions et à la basse créoles s’ajoutent des harmonies plus typiquement comoriennes guidées par la voix haut perchée de Chamsia, qui chante uniquement en comorien. Pour rendre sa musique un peu plus accessible, elle a invité sa fille, Naïma, à poser en français sur deux morceaux de l’album.
Rohff, l’un des grands noms de l’actuel rap français, a également tenu à participer à l’aventure. Sur « Nafassi », une reprise du premier album de Chamsia (Ntrulise Roho, 1990), le rappeur comorien s’affiche en duo avec celle qui l’aura bercé toute une partie de sa jeunesse. Auteur, compositeur (mélodies) et interprète, elle n’hésite pas à chercher ses inspirations dans la musique congolaise, comme en témoigne le morceau « Baki » qui vire habilement au soukouss. La cuisine de Chamsia semble simple, tant l’ensemble jouit d’unité, alors que le pari artistique était loin d’être évident. L’album se laisse écouter tranquillement et nous fait découvrir une artiste qu’on aurait tort de laisser dans l’ombre.
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