En tournée électorale en France, le candidat de l’opposition comorienne, Mohamed Saïd Fazul, tenait mardi une conférence de presse à Paris. A un mois du scrutin présidentiel qui doit se tenir le 26 décembre, il en a profité pour détailler son programme électoral, dénoncer le déroulement des primaires du 7 novembre, et appeler la communauté internationale, la France en tête, à veiller au bon déroulement de l’élection.
A un mois de l’élection présidentielle, l’opposition comorienne fait campagne en France. Son principal représentant Mohamed Fazul, l’un des trois candidats en lice, a profité d’un cour séjour dans l’Hexagone pour rencontrer les journalistes et aborder les points clés du scrutin du 26 décembre.
Dressant un portrait accablant de la situation aux Comores, le candidat de l’Alliance sociale et démocratique pour l’avenir des Comores, accompagné de son colistier, Me Saïd Larifou, a promis de « sortir le pays de l’intégrisme » du régime d’Ahmed Abdallah Sambi, qui, selon lui, « a inscrit les Comores dans l’axe du mal » en succombant aux sirènes de la République islamique d’Iran. Avec un programme basé sur le renouveau de la jeunesse, de l’agriculture et de la pêche, il espère amener cette stabilité indispensable pour rassurer et faire revenir les investisseurs aux Comores.
Le « sujet très complexe » de l’île de Mayotte, qui deviendra en 2011 le 101e département français, a aussi été abordé. Sur ce point, Mohamed Fazul entend poursuivre dans la voie du dialogue, tout en « responsabilisant » la diplomatie de son pays. Un dialogue dont la première étape doit être la suppression du « visa Balladur » d’entrée à Mayotte, dont le parlement comorien a récemment demandé la suspension sans délai. Mis en place en 1995, il est, selon Saïd Larifou, « responsable de l’immigration clandestine vers Mayotte ».
Le spectre de la violence
Mohamed Fazul a profité de cette rencontre avec les journalistes pour revenir sur les « irrégularités » qui ont entaché les primaires du 7 novembre, qu’il qualifie de « simulacre d’élection ». Le premier tour de la présidentielle, qui s’est tenu dans la île de Mohéli (21 429 électeurs), mettait aux prises dix candidats issus de cette île, en vertu du principe constitutionnel de présidence tournante de l’archipel entre les îles de Mohéli, Grande-Comore et Anjouan. En 2002, c’est l’île de Grande Comore qui avait participé aux primaires, en 2006 c’était au tour des habitants d’Anjouan et de Moheli en 2010. Ce dernier scrutin a vu Ikililou Dhoinine, le candidat soutenu par l’actuel président, obtenir 28,19 % des voix, devançant Mohamed Said Fazul (22,94 %) et Abdou Djabir (9,88 %). Pour Me Larifou, un avocat franco-comorien, « l’usage massif de l’argent pour corrompre les électeurs jette un discrédit total sur ce scrutin ». « Il faut savoir qu’Iklilou Dhoinie est parvenu à sortir en tête avec 700 voix de différence, grâce à une fraude massive orchestrée par certains éléments de la CENI avec la complicité de l’Armée nationale de développement (AND) », a complété Mohamed Fazul, pointant même du doigt la « complicité de la communauté internationale ». Pour assurer la bonne tenue du scrutin du 26 décembre, il propose à la mise en place d’une « brigade anti-fraude et de lutte contre la corruption des électeurs » pour renforcer « les commissions de vigilance déjà en place par des experts internationaux ».
Inquiet, il a tenu à mettre en garde la communauté internationale contre les conséquences de nouvelles irrégularités. « Le pays risquera de basculer dans la violence, car nous n’allons pas nous laisser, cette fois-ci, berner par des règles faussées au départ ». Un retour de la violence dont « les représentations de la communauté internationale » seraient les premières « responsables ».
En mai et en juin dernier, l’Ile de Moheli, dont Mohamed Fazul a été le président entre 2001 et 2007, a été le théâtre d’importants troubles, après la décision de Sambi de demeurer au pouvoir à la fin de son mandat qui devait s’achever le 26 mai.