L’épidémie de choléra s’intensifie dans la Grande Comore en raison de la promiscuité et des conditions d’hygiène peu respectées lors des « grands-mariages » de juillet et août. Peu à peu, la sensibilisation que mènent les autorités et diverses ONG semble porter ses fruits.
Avant la période des mariages traditionnels, commencés au mois de juillet dans la Grande Comore, la plus grande des trois îles composant l’archipel des Comores, le choléra était presque maîtrisé.
« Nous faisons face à une épidémie de choléra. Nous avons enregistré plus de 800 cas de choléra, et 14 personnes en sont mortes depuis le mois de février », a déclaré à IRIN Josefa Marrato, représentante déléguée du Fonds de Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) aux Comores.
Avec plus de 300 000 habitants, la Grande Comore abrite plus de la moitié de la population totale de cet archipel de l’Océan indien.
Le choléra n’est pas une maladie nouvelle aux Comores, qui ont connu des épidémies en 1975, 1998 et 2000, a expliqué Abderamane Maiga, responsable du bureau de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) sur l’île de la Grande Comore. Depuis le début de l’épidémie, en février, on a constaté une augmentation dramatique du nombre de nouveaux cas pendant les mois de juillet et d’août, a-t-il ajouté.
Le choléra est une infection intestinale aiguë qui provoque des diarrhées chroniques et des vomissements menant à la déshydratation. Elle peut être traitée aisément, en administrant une solution de sels de réhydratation au malade. Toutefois, en l’absence de traitement rapide, elle peut entraîner la mort dans les 24 heures.
La saison des mariages
Les mauvaises conditions d’hygiène, l’état de délabrement des systèmes d’évacuation des eaux usées, les tas d’immondices qui jonchent les rues et l’absence d’eau potable sont quelques-unes des principales causes de l’épidémie de choléra ; mais la nourriture, servie à l’occasion de cérémonies de mariages traditionnels, peut également contribuer à propager très rapidement la maladie.
« Le nombre de nouveaux cas a augmenté avec les festivités – où les gens se rassemblent, mangent ensemble, mais ne prennent pas de mesures d’hygiène appropriées », a fait remarquer Mme Marrato. « Avant juillet, mois du début des célébrations des ‘grands-mariages’, le choléra avait été presque maîtrisé ».
En effet, aux Comores, les mois de juillet et d’août sont la période propice aux mariages publics fastueux et onéreux, caractérisés par de grands festins. Ces mois coïncident aussi avec la période des vacances en Europe, moment que choisit la diaspora comorienne – qui vit principalement en France – pour revenir au pays pour le « grand-mariage ». Il faut noter que, dans cet archipel, l’économie du pays repose en grande partie sur les transferts de fonds des quelque 150 000 Comoriens vivant à l’étranger.
L’organisation d’un ‘grand-mariage’, qui peut coûter jusqu’à 30 000 dollars américains et durer une à trois semaines, est généralement l’affaire des familles riches, mais tout le monde peut y participer, la famille hôte se retrouvant parfois à nourrir des communes entières – « impliquant tout le village et les villages voisins », a affirmé M. Maiga.
Report des mariages
Dans un communiqué publié la semaine dernière, le gouvernement avait souligné l’importance des festivités du grand-mariage et leurs liens évidents avec l’épidémie. « Le gouvernement avait demandé à la population de reporter ces cérémonies et d’éviter les repas collectifs », a expliqué Mme Marrato.
L’annulation ou le report d’une cérémonie traditionnelle, qui a nécessité des années de préparation et a obligé parfois des familles à s’endetter à vie, n’est souvent pas considéré comme une solution appropriée.
En revanche, la sensibilisation, l’éducation et les efforts de communication entrepris par le gouvernement, en collaboration avec l’UNICEF, l’OMS et les organisations non-gouvernementales œuvrant dans le domaine de la santé, ont commencé à porter leurs fruits.
« La réponse a été positive – même l’armée nous a aidés à relayer les messages de prévention auprès des communautés », s’est félicitée Mme Marrato.
Des dispositions ont également été prises pour empêcher que l’épidémie ne se propage pas aux autres îles – Anjouan et Moheli. Il s’agit notamment de la sensibilisation des voyageurs sur la maladie et les mesures d’hygiène à observer pour s’en présmunir.
« Depuis la fin de la semaine, le nombre de nouveaux cas est en baisse », a fait observer M. Maiga.
« [En matière de prévention], l’hygiène est la chose la plus importante et nous [OMS et UNICEF] aidons le gouvernement dans la prise en charge des personnes malades ».
Photo : Tomas de Mu pour Irin