Plus d’une semaine après le remaniement du gouvernement, les Comores sont rattrapées par les vieux démons. Cette fois-ci c’est l’île de Mohéli qui est en grogne. La petite île comorienne n’accepte pas le fait que le Président de l’Union des Comores, Ikililou, lui-même originaire de Mohéli, n’ait pas nommé des Mohéliens à des postes avantageuses.
Le remaniement du gouvernement opéré par le Docteur Ikililou Dhoimine le 13 juillet 2013, a fait surgir les égos de la population comorienne. Une polémique dont le Président de l’union des Comores se serait bien passé. Son île natale l’accuse de trahison, pour n’avoir pas nommé des fils de Mohéli à des postes clefs de la République. Une pratique de ses prédécesseurs. Mais Ikililou, fort dans sa propre conception, est décidé à rompre avec des vieilles habitudes qui ont souvent fragilisé le pays et son équilibre insulaire.
Les Mohéliens l’attendaient au tournant et encore une fois, ils ne décolèrent pas. Après la phase une de l’ère Ikililou, les Comores connaissent depuis le 13 juillet dernier le gouvernement Ikililou II. Avant la publication officielle des nominations ministérielles, les commentaires allaient bon train. Surtout que les Mohéliens s’attendaient à une accession fulgurante de ses cadres. Contre toute attente, ça n’a pas été le cas. Mohéli désapprouve sur ce fait l’équipe gouvernementale. L’île de Djoumbé Fatima (Mohéli) ne comprend pas pourquoi un tel remaniement. Et pourquoi il n’y a pas beaucoup de Mohéliens dans le nouveau gouvernement.
Ikililou serait-il en phase de trahir son île natale ?
On le connaissait distant, discret, certains diront même effacé, sans aucune ambition ni autorité, voire même soumis au sambisme (de l’ex-Président Sambi), mais Iki (comme on l’a surnommé dans son pays) semble entrer dans une nouvelle ère caractérisée par l’acte II de son mandat présidentiel. Son détachement des nominations clientélistes lui vaut la colère des Mohéliens. Ikililou leur fils a rompu catégoriquement avec la tradition de la tournante. Les Mohéliens voulaient le ministère des Relations extérieures, et des Finances, ils n’ont eu ni l’un ni l’autre. Ikililou aurait « trahi » son île natale qui parle d’humiliation. Encore plus grave, le Vice-président issu de l’île de Mohéli, a été rétrogradé par rapport aux fonctions qu’il occupait dans le précédent gouvernement. En effet, le Docteur Fouad Mohadji est Vice-président, chargé du ministère de la Santé, de la Solidarité de la Cohésion sociale et de la Promotion du Genre. Ce qui a fait du Vice-président Mohadji le grand perdant du remaniement, en abandonnant notamment le ministère de la Production, pendant que les deux autres Vice-présidents ont gardé leurs portefeuilles ministériels. Les Mohéliens sont décidés à faire comprendre à leur fils qu’ils ne sont pas contents de sa démarche.
La fin de la tournante ?
Conscient de la sectorisation du pouvoir politique, les Comores révisent la Constitution et dans la mesure d’un commun accord, l’archipel sortira de la présidence tournante. Et dans la mesure où les trois îles auront, à tour de rôle, à assurer la gouvernance du pays, cette nouvelle Constitution a de fortes chances d’être adoptée. Surtout qu’on a pu assister pendant les années précédentes à des conflits inter-île, ou entre le gouvernement de l’union et les gouvernements des îles autonomes, ce qui a souvent freiné l’évolution politique et économique du pays. Rare sont les Présidents qui se sont entendus avec les différents Présidents des îles. L’archipel a même connu le séparatisme d’Anjouan en 2007, commandité par le colonel Mohamed Bacar, alors Président de l’île autonome d’Anjouan.
Aujourd’hui, l’union des Comores est toujours à la recherche d’une équilibre insulaire, mais reste toujours sous la menace d’une crise séparatiste.