Des manifestations ont eu lieu hier à Moroni, après l’assassinat du Colonel Combo Ayouba. Le Chef d’État Major de la Force comorienne de Défense a été retrouvé dimanche devant son domicile, le corps criblé d’une dizaine de balles. Le mobile de ce meurtre n’a pas été déterminé, mais cet événement sème le trouble à Moroni où le contexte politique est tendu.
Depuis l’assassinat, dimanche, du colonel Combo Ayouba, l’agitation règne à Moroni, capitale comorienne. Des incidents ont éclaté dans la matinée du lundi. Plus d’une centaine de personnes, originaires de l’île d’Anjouan, tout comme le militaire tué, se sont rassemblées lundi devant l’hôpital el-Maarouf de Moroni où reposait le corps du défunt. Les manifestants scandaient des slogans hostiles au président Ahmed Abdallah Sambi. Les forces de l’ordre se sont quant à elles déployées devant les principaux bâtiments administratifs de la capitale. Ecoles et commerces avaient même fermé leur porte craignant un soulèvement.
« Chef de corps » au sein de l’Armée nationale de développement (AND), le colonel Combo Ayouba avait été abattu de dix balles dimanche à son domicile dans le nord de Moroni. La police n’a pas réussi à identifier les agresseurs qui ont pris la fuite. L’hypothèse d’un règlement de comptes n’est pas exclue selon un observateur. Considéré au sein de l’état-major comme un proche du président Sambi, le colonel Combo Ayouba s’était déjà illustré par ses nombreuses participations à des coups d’Etat dans l’archipel. Il était l’un des rares militaires formés par Bob Denard, le mercenaire franco-comorien, qui exerçait encore une haute fonction dans l’armée.
Cet assassinat intervient dans un contexte politique troublé. La récente prolongation du mandat du président Sambi jusqu’en 2011 est vivement contestée. L’armée de son côté rencontre en son sein de forts tiraillements. Un accord de « réconcilation » signé mi-mai entre le chef d’état-major de l’AND, le général Salimou Amiri, et le chef du cabinet militaire à la présidence était censé ramener le pays à la sérénité.
La France a condamné sans réserve, lundi, le meurtre du colonel Combo Ayouba et rappelé « la nécessité de rejeter la violence au profit d’un dialogue sincère et constructif » afin que soit réglée la crise comorienne.