L’armée comorienne se prépare à une nouvelle offensive armée pour destituer le président autoproclamé d’Anjouan, l’une des trois îles de l’archipel des Comores. Mohamed Bacar a bien tenté une conciliation vendredi dernier, mais l’Union Comorienne, qui a vainement essayé de négocier depuis juillet 2007, n’est pas décidée à faire marche arrière.
Mohamed Bacar va devoir faire face, dans les prochains jours, à une nouvelle offensive de l’armée fédérale comorienne. Le président autoproclamé de l’île d’Anjouan, jugé illégitime par l’Union Africaine et l’Union des Comores, a déjà eu à contrer deux incursions des troupes de l’Armée nationale de développement (AND) depuis le 10 mars. Ce week-end, les derniers affrontements ont permis aux deux parties de mesurer leurs forces respectives.
Des forces en présence inégales
Le colonel Salimou, pour qui « les incursions dans l’île étaient destinées à démontrer la capacité de l’armée comorienne à surprendre l’adversaire et à adresser un message clair », estime que les opérations menées la semaine dernière ont été couronnées de succès. Une vingtaine de prisonniers ont été libérés samedi à Domoni, la deuxième ville de l’île, et ses troupes n’ont à déplorer que deux blessés, dont les jours ne sont pas en danger.
De son côté, Djaanfar Salim, ministre de l’Intérieur d’Anjouan, compte sur le relief accidenté de l’île pour rendre difficile le débarquement des troupes fédérales. Egalement coordonnateur du dispositif de défense de l’île, il semble convaincu de la capacité de résistance de ses hommes : « Le fait que nous ayons repoussé sans problèmes la tentative d’incursion des soldats du gouvernement central, est la preuve que nous avons en face de nous des amateurs ».
Les hommes de Mohamed Bacar possèdent une excellente connaissance du terrain qui pourrait contribuer à rétablir le déséquilibre quantitatif qui existe entre les deux armées. Il dispose d’un escadron de 100 soldats et d’une dizaine de brigades de trente hommes. De son côté, déjà forte de 400 soldats, l’AND peut compter sur les renforts de l’Union Africaine : 1 200 militaires sont prêts à débarquer sur Anjouan.
Dans le conflit qui s’annonce, la population d’Anjouan n’aura pas voix au chapitre. Le président de l’Union, Ahmed Abdallah Sambi, lui a instamment demandé de ne pas intervenir et de laisser le soin à l’armée et à la justice de faire leur travail.
Voies diplomatiques sans issue
Depuis l’élection qu’il a organisée sans l’accord de l’Union des Comores en juillet 2007, le président Bacar, au pouvoir depuis 2002, refuse de négocier et de rendre son tablier. Il a toutefois tenté, vendredi dernier, de faire accepter l’idée d’une confédération accordant plus d’autonomie aux trois îles qui constituent l’archipel des Comores. Proposition rejetée. Il a aussi accepté de se soumettre à de nouvelles élections si les autres îles de l’archipel y étaient également soumises. Nouveau refus.
Idem pour la suggestion du président sud-africain Thabo Mbeki d’organiser un nouveau scrutin. « Il n’est plus question pour nous de rouvrir des négociations avec cet homme. Nous avons lancé une opération de rétablissement de l’ordre par une intervention armée. L’opération suit son cours et devra continuer jusqu’à son terme », a déclaré Abdourahim Saïd Bakar, porte-parole du gouvernement de l’Union des Comores.
La population d’Anjouan se prépare donc à subir la guerre. Un dispositif humanitaire nommé « plan catastrophe » et destiné à renforcer les performances de l’hôpital régional de l’île a été mis en place par La Croix Rouge et l’ONU.
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