Un avocat pénaliste s’affronte à ses rêves de gloire dans Commis d’office de Hannelore Cayre, qui sort ce mercredi, dans les salles françaises. Roschdy Zem y incarne Antoine Lahoud, un homme de loi, au cœur d’un appareil judiciaire dont la fiction révèle un visage inédit.
« Comme pour toute profession libérale, si personne ne pousse votre porte, vous ne mangez rien le soir. Croire que tous les avocats sont des gens riches est une erreur. » Pour son premier long métrage, Commis d’office, Hannelore Cayre a mis des images sur ses mots. Avocate de profession, elle a adapté pour le cinéma son propre livre au titre éponyme publié aux Editions Métailié. Roschdy Zem prête ses traits à Antoine Lahoud, le héros de Commis d’office. Après s’être mis dans la peau d’un flic infiltré l’année dernière dans Go Fast, l’acteur est de nouveau, en robe noire, du côté de la loi. Le droit pénal est la spécialité de son personnage, la commission d’office, également. Mais entre les fins de mois difficiles et les dossiers mineurs, ceux des petits dealers, délinquants et prostituées qu’il traite, l’avocat aspire à un peu plus de reconnaissance professionnelle et d’aisance matérielle. Un confrère, Maître Marsac, va les lui apporter. Cependant, l’addition s’avèrera salée au point de remettre en question sa qualité d’avocat.
« Croire que tous les avocats sont des gens riches est une erreur »
« Personne ne s’est même posé cette question pourtant fort simple : comment, d’où et de qui un pénaliste tire ses honoraires ? », interroge Hannelore Cayre. Si le spectateur n’avait pas pris la peine de le faire, il aura des réponses en allant découvrir l’œuvre de la juriste-réalisatrice. Le film de Hannelore Cayre met en lumière une facette méconnue de la justice pénale en France. Un aspect que ne fait qu’effleurer ces chroniques judiciaires évoquant des avocats, à l’image de Marsac, qui abandonnent le droit pour se mettre au service de l’argent de leurs truands de clients. Commis d’office fleure aussi bon la rédemption. Celle d’un homme qui découvre que ses idéaux sont incompatibles avec la sécurité matérielle. Lahoud devra fouler au pied son serment pour en mesurer toute la portée, vivre le quotidien, derrière les barreaux, de certains de ses clients pour mieux les regarder et renouer avec la raison d’être de sa vocation. L’avocat va jusqu’au bout de ses errances pour mieux se retrouver. Avec justesse, Roschdy Zem fait écho à la détresse et aux contradictions de son personnage dans ce qui s’apparente à un voyage initiatique. Tout comme Jean-Philippe Ecoffey, alias Marsac, plus vrai que nature dans la peau d’un avocat sans foi ni loi.
Dans Commis d’office, c’est moins la forme que le fond qui interpelle. Si l’intrigue est inattendue, elle n’en est pas pour autant palpitante. Cependant, pour une première réalisation, Hannelore Cayre mérite une mention tout à fait honorable. Sa fiction rappelle, si besoin en était, que ceux qui rendent et font la justice sont imparfaits, et l’avoir de son côté peut parfois se réduire à une question de gros sous, aussi bien pour les prévenus que leurs défenseurs. Les paradoxes de la justice, Roschdy Zem les résume bien. « Je crois qu’on peut tous être victime (…) (de) cette machine judiciaire qui nous dépasse. En ce moment, je travaille sur l’affaire Omar Raddad. C’est un cas vraiment intéressant à ce niveau là ». Mais, ajoute-t-il, « je garde confiance (en la justice) ». Optimisme contagieux ?
Commis d’office
De Hannelore Cayre
Avec Roschdy Zem, Jean-Philippe Ecoffey, Mathias Mlekuz
Sortie française : 6 mai
Durée : 1h31min