Alors qu’en Europe, des agriculteurs se dressent contre l’inondation du marché par certaines denrées produites en Afrique, sur le continent, on se plaint d’une campagne européenne hostile aux produits du continent. Visiblement, les enjeux sont immenses et chaque camp tente de défendre ses intérêts.
La France se plaint de la tomate marocaine
En France, les agriculteurs, du moins les producteurs de tomates, ne sont pas contents. En cause, l’étonnante compétitivité des tomates en provenance du Maroc. Des fruits produits dans ce pays d’Afrique du Nord et qui pourraient ne pas respecter les normes de production. Notamment s’agissant de l’utilisation des pesticides et/ou fertilisants et qui passeraient entre les mailles des filets des autorités françaises.
Les producteurs de tomates ont fait part de leurs inquiétudes, notamment sur les prix bas de ces produits venant du Maroc et disponibles, quelle que soit la saison. Des prix de vente sur le marché certainement amoindris, entre autres, par le coût de la main d’œuvre, de loin moins chère au Maroc. Dans tous les cas, c’est la grosse en colère en France et la tendance est à l’appel à la promotion du consommé local. Quasiment le même appel fait en Afrique.
L’Algérie indexe les laboratoires étrangers
Ce n’est pas au Maroc, mais plutôt chez le voisin algérien où un appel dans le même sens a été lancé par le gouvernement. Ici, il n’est pas question de tomates, mais de médicaments. Si en France, ce sont les producteurs qui sont montés au créneau, en Algérie, c’est carrément un membre du gouvernement qui a effectué une sortie très remarquée pour interpeller ses compatriotes.
Il s’agit du ministre algérien de l’Industrie et de la Production pharmaceutique, Ali Aoun. L’officiel a accusé des laboratoires pharmaceutiques étrangers d’avoir lancé une « campagne féroce » contre les médicaments fabriqués en Algérie. Devant les députés de l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre répondait aux questions orales, jeudi 1er février 2024.
« Répondre aux règles de la concurrence »
Ces attaques de la part des laboratoires étrangers résultent, selon le ministre, « du fait que les médicaments fabriqués en Algérie se distinguent par leur qualité et leurs prix raisonnables. Ce qui, visiblement, dérange les intérêts de Big Pharma ». Ali Aoun a appelé les Algériens à soutenir les laboratoires locaux de fabrication de médicaments, « capables de couvrir 72% des besoins du marché national ».
Le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique a, en outre, déclaré que l’Algérie fait partie des pays qui exercent un « contrôle strict sur la qualité des médicaments ». Non sans rassurer que « l’État ne permet, en aucun cas, la mise sur le marché de médicaments qui ne remplissent pas les conditions de qualité et d’efficacité ». En plus de « répondre aux règles de la concurrence ainsi qu’aux normes internationales ».
Enjeux de marchés très lucratifs
La commercialisation d’un médicament en Algérie ne peut, insiste le ministre, avoir lieu qu’après son enregistrement auprès de l’Agence nationale du médicament. Cette structure étant le seul organisme habilité à contrôler la qualité de ces produits dans ce pays nord-africain. « La production de médicaments ne peut être confiée qu’à des entreprises pharmaceutiques approuvées par les services du ministère ».
Si on sait qu’en 2019, le marché pharmaceutique représente 920 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Et que le marché de la tomate est estimé à 182,07 milliards d’euros en 2023 avec des prévisions de croissance de 4,76% pour atteindre 230,9 milliards d’euros d’ici 2028, on comprend aisément les enjeux dans les secteurs concernés et les différentes agitations.