Alors que l’armée française est sur le point de quitter définitivement le Niger d’où elle a été expulsée, des militaires occidentaux renforcent leur coopération avec Niamey. De même, des paramilitaires américains sont annoncés en Centrafrique où la France est à l’étroit.
Avant le putsch militaire du 26 juillet dernier contre le Président nigérien Mohammed Bazoum, les soldats américains et français étaient logés à la même enseigne. Paris et Washington participaient à la lutte contre le terrorisme dans le Sahel. En plus d’aider dans la formation des militaires nigériens. Seulement, le coup d’État est venu tout chambouler.
Exit Paris, Washington non inquiété
En effet, après avoir condamné le coup de force perpétré par les militaires qui ont pris le pouvoir, la France a tenté, par tous les moyens de rétablir Mohamed Bazoum dans ses fonctions présidentielles. Juste pour rétablir l’ordre constitutionnel ou pour une question d’intérêts ? Paris est même accusé d’avoir tenté de convaincre la CEDEAO de mener un assaut militaire contre les putschistes.
Dans tous les cas, la position de Paris n’a pas été au goût des militaires au pouvoir. Et ces derniers ont demandé le départ pur et simple de l’armée française du territoire nigérien. Quant aux soldats américains, ils n’ont guère été inquiétés. En effet, Washington a juste brandi la menace de geler des financements à hauteur de 500 millions de dollars. Sur le papier ! Qu’en est-il de la réalité ?
Washington utilise Paris comme fusible
Les États-Unis se sont complètement désolidarisés de leurs alliés français. Pourtant leur coalition a abouti à plusieurs coopérations dont la plus récente est l’engagement à fournir une assistance militaire à l’Ukraine qui combat la Russie. S’agissant du Niger, il est légitime de penser que Washington utilise Paris comme fusible. Et ironie du sort, au moment où les militaires français font leurs valises, l’Allemagne dépose son balluchon au Niger.
Il se dit, en effet, que le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a annoncé, hier mardi, que son pays allait poursuivre et renforcer sa coopération militaire avec le Niger. Le patron de l’armée allemande a fait cette déclaration à l’occasion d’une visite de travail qu’il effectue dans la capitale nigérienne. La réunion s’est tenue en présence des différents chefs militaires nigériens.
« Relance de la coopération militaire »
« Le ministre de la Défense nationale, le général de corps d’armée Salifou Mody a présidé, ce jour, à Niamey, une réunion de travail avec une importante délégation allemande, conduite par le ministre de la Défense de la République fédérale d’Allemagne M. Boris Pistorius », a déclaré le ministère nigérien de la Défense, sur son site officiel. Niamey précise que les travaux ont porté sur la « relance de la coopération militaire » entre le deux pays.
« Le ministre allemand de la Défense a réaffirmé la volonté de son pays de poursuivre et de renforcer le partenariat avec le Niger dans le domaine militaire », a poursuivi le gouvernement nigérien. Un renforcement de la coopération militaire entre le Niger et la République fédérale d’Allemagne qui intervient à quelques jours du retrait total de quelque 1 300 soldats français.
Washington se désolidarise de Paris
On apprend par ailleurs que des employés de la compagnie américaine de sécurité privée Bancroft seraient présentement à Bangui, la capitale centrafricaine. Ils prépareraient l’implantation du groupe en vue de proposer des formations et d’investir dans plusieurs secteurs. Il y a donc de quoi se poser des questions sur ce qui apparaît comme des coups bas entre États occidentaux. La lutte pour le contrôle des minerais continue !
Même si les États-Unis évoquent une volonté de freiner l’expansion russe, force est de reconnaitre que Washington s’est désolidarisé de Paris. Surtout qu’une source militaire française de RFI relève que Bancroft, qui a déjà travaillé en Somalie, en Ouganda, au Kenya et en Libye est bien une société militaire privée. Et qu’elle mettrait à disposition des « capacités d’écoute et d’interception ».