Comment sauver l’université burkinabè ?


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Grèves des enseignants ou des étudiants, une année académique suivant un calendrier pour le moins très spécial, des promesses politiques non respectées, un « temple du savoir » à la solde des politiques, des résultats, évidemment, décourageants… ce sont, entre autres, les caractéristiques des universités publiques d’un PPTE (Pays pauvre très endetté) qui se dit pourtant assez solide pour émerger en 2025.

Le Burkina Faso a durant longtemps fait comprendre aux yeux du monde entier qu’il possède les universités publiques crédibles de la sous-région. Peut-être que cela est vrai, ou du moins dira-t-on que le borgne est roi au pays des aveugles. Aujourd’hui, il est temps de diagnostiquer les problèmes qu’on a durant longtemps camouflé dans des discours politiciens.

Une immixtion du politique dans les affaires du temple du savoir

La politique est la gestion de la cité. Et l’université est le lieu par excellence ou se construit cette cité. Mais les universités publiques du Burkina ont été prises dans le piège de la division politique. La majorité des étudiants, nostalgiques du défunt président Thomas Sankara, se sont alignés derrière des syndicats aveuglements « révolutionnaires » à la solde de certains opposants politiques. Comme dans un feuilleton de dessins animés, on assiste à une bataille politique entre les pouvoirs en place (ayant leur enfant dans des universités de fortunés à l’étranger) à travers des syndicats créés à leur guise, et ses opposants.

La résultante des ces batailles est la fermeture momentanée des universités et des œuvres sociales et, souvent même, l’invalidation de l’année.

Un mensonge soigneusement orchestré

Les interventions des PAS (Programmes d’ajustements structurels) ont été utilisées par les politiques pour justifier leurs fuite de responsabilité et comme moyen d’endoctrinement la population. Le manque d’infrastructures universitaires, le faible budget d’éducation et d’enseignement, le manque de compétitivité sont en effet attribués aux institutions de Bretton Woods par l’opinion publique. C’est en réalité un endoctrinement sérieusement manipulé par les hommes politiques qui utilisent l’esclavage, la colonisation, les PAS d’hier pour justifier leur incapacité et leur irresponsabilité d’aujourd’hui. Les étudiants, sensés pourtant pouvoir faire la part des choses, sont eux-mêmes embarqués dans un cercle vicieux qui leur permet d’endosser leur manque de bonne formation académique à un passé commun à toute l’Afrique, mais qui en réalité ne saurait justifier les dérives actuelles.

Des mutations structurelles

Il est vrai que les mutations dues au système LMD (Licence Master Doctorat) sont à l’origine des retards constatés actuellement. Mais remarquons que ces changements ont été imposés par les pouvoirs politiques. Être intellectuel c’est être capable de faire des mutations conjoncturelles comme structurelles pour se propulser. Et l’on peut être tenté de demander s’il y a des intellectuels dans les universités publiques burkinabè ou juste des politiciens ? Quand en effet la faculté des sciences et technologies de l’université de Ouagadougou commence les cours de 1ère année 2011-2012 en… septembre 2012 ou que le projet de transformer les cités universitaires de Zogona en bureaux des professeurs a été lancé (après déguerpissements des habitants de la cité) pour un durée de 6 mois il y a… cinq ans, on se pose des questions.

On ne peut pas construire une nation dans une désorientation de sa jeunesse. Les mutations à opérer doivent être orientées vers une formation professionnelle et qualifiante de la jeunesse. La bureaucratie monolithique, caractérisée par une inertie pachydermique, n’a pas d’avenir dans ce monde technologique et industriel en changement perpétuel. Dans un pays dont la première activité est l’agriculture, il est par exemple impératif de faire de nos universités des chantiers de recherche dans ce domaine. Il leur faut de l’adaptation, de la souplesse, de la veille permanente face à l’évolution des compétences nécessaires à ce changement perpétuel. Et cela ne pourrait se réaliser correctement que dans la concurrence et dans l’ouverture, qui fournissent l’incitation à cette adaptation.

Quelles universités pour le Burkina ?

La neutralité politique, ou du moins l’absence de batailles politiciennes, dans les universités est un gage de sérénité. Et ces batailles politiciennes sont dues au fait que les universités en question sont essentiellement publiques dans leur fonctionnement, ce qui donne lieu, dans un contexte de rareté budgétaire, à des guerres de (petit) pouvoir.

Une ouverture au privé dans le cadre d’une coexistence entre universités publiques et privées, et avec des contrats de recherche avec des entreprises, permettrait de dégager des ressources supplémentaires (et donc mieux servir les étudiants) et de sélectionner des bons gestionnaires/présidents. Et pour éviter que ces universités privées ne deviennent des « écoles privées- boîtes à fric », comme le craignent certains, l’engagement de partenariats avec des grandes universités américaines ou anglaises par exemple serait une solution. De même un système de bourses pour garantir un accès aux moins favorisés.

La recherche est le moteur de toute université ; la concurrence doit être donc instaurée dans ce sens et ce, loin de tout calcul politique.

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