Tant de monde se bat pour la liberté et pourtant, lorsqu’il s’agit de mettre en place des politiques libérales, tout le monde recule, préférant se réfugier derrière un État interventionniste.
Dans son article, Chris Hattingh, aborde le thème du libéralisme classique accusé de tous les maux. En quelques mots très clairs, il repositionne cette idéologie décriée en la rapprochant du quotidien des populations pour en faire comprendre l’intérêt. Il met en garde contre le recul insidieux de la liberté à travers des politiques interventionnistes, faussement confortables. Cet article aborde en des termes simples une problématique pas forcément simple à comprendre.
La légitimité de la liberté repose sur la nature de l’homme, non sur des «vérités évidentes» ou sur des «droits attribués par Dieu». C’est l’argument que Richard Ebeling défend dans son essai intitulé «Restaurer les fondements de la liberté». Les fondements respectifs de la vérité évidente et des droits d’ordre divin ont donné naissance à la tradition de la liberté individuelle, mais l’utilisation de ces arguments n’est plus désormais pertinente. Richard Ebeling écrit qu’une défense efficace et appropriée de la liberté individuelle «doit se baser sur la raison, la logique et les faits objectifs». Les faits objectifs sont peut-être les plus importants car de nombreux arguments, aujourd’hui, sont basés sur l’émotion plutôt que sur la réalité.
C’est quoi le libéralisme classique, par opposition aux philosophies collectivistes comme le socialisme et le fascisme? Le libéralisme classique défend les droits individuels protégés par l’état de droit. Le libéralisme classique met l’accent sur les libertés économiques de manière à ce que les gens puissent échanger avec qui ils veulent, selon les termes qui leur conviennent le mieux. Le principe directeur de l’interaction sous ce paradigme est le volontarisme et le consentement mutuel. Il n’y a aucun préjugé ou aucune discrimination contre les individus, sauf ceux qui utilisent la force ou la fraude dans leurs relations avec les autres. Le libéralisme classique place l’individu au centre ; d’autres philosophies accordent la plus grande importance au groupe.
La grande tentation est de se concentrer sur « ce qui marche» et de compromettre ainsi le principe de la liberté lorsqu’il s’agit d’un gain à court terme. Comme l’explique Richard Ebeling, «la liberté est une tapisserie étroitement tissée de principes qui, lorsqu’elle est compromise à la marge, entre la liberté individuelle et le paternalisme politique, risque de se détricoter générant des pertes de liberté supplémentaires».
Le fait de céder à l’argument de la nécessité de certains niveaux de redistribution de la richesse ou de saisie des terres, ou l’argument d’une augmentation de la taxation de certains produits pour le sauvegarde de la «santé publique» finira par causer davantage de pertes de liberté individuelle, quelles que soient les conséquences prévues sur le moment. Ebeling critique le pragmatisme en mettant en avant l’opposition « convictions versus opportunisme », ce qui signifie que nous devons clairement établir les principes de la liberté et ensuite les défendre malgré les victoires creuses que nous pourrions gagner sur le moment si nous nous concentrons sur le «compromis» et sur «ce qui marche».
Lorsque nos principes ne sont pas clairs et établis, il est plus facile d’acquiescer aux arguments qui visent à cibler les mauvais plans gouvernementaux évidents, mais qui éliminent la liberté que nous avons actuellement. Au lieu de compromettre nos principes parce que nous voulons «travailler avec» des gens qui, fondamentalement, peuvent être opposés à nous, Ebeling, en utilisant le travail de Friedrich Hayek, souligne que nous devons «ne pas avoir peur d’être radical dans [notre] plaidoyer pour le libéralisme classique». Ce dernier s’oppose directement aux idées collectivistes qui ont infligé à l’humanité des tragédies massives, du nazisme au communisme. La notion de restreindre le pouvoir et la tutelle du gouvernement sur la vie de l’individu est un impératif moral pour assurer que le bonheur individuel n’en pâtisse pas directement face à chaque tentative de centralisation et d’accroissement de l’interventionnisme étatique. Lorsque nous défendons un gouvernement à taille limitée, l’impression que nous donnons est que nous sommes insensibles et cupides. Des accusations qui détournent l’attention de l’argument philosophique fondamental. La mise en avant de la «valeur» émotionnelle de son point de vue ne signifie pas que son argument est moral. Plaider en faveur du libéralisme classique et tout ce qui s’y rattache a fondamentalement un aspect profondément radical, et il faut s’attendre à ce que les gens soient résistants et qu’ils nous attendent au tournant.
Faire valoir le libéralisme classique est très difficile malgré le poids des faits historiques et actuels, ainsi que le poids moral que nous avons à notre disposition, car les arguments politiques, économiques et moraux sont de nos jours devenus trop basés sur l’émotion et le sentimentalisme pour espérer les utiliser dans le changement de l’opinion publique. Malgré les difficultés, Ebeling soutient que nous ne devons pas compromettre nos idéaux radicaux en faveur de l’habillage émotionnel de ce que nous présentons. Si nous le faisons, nous compromettons nos idées et nous perdrons leur impact moral. Il ne faut pas faire appel à une autorité ou une histoire ou à des concours de cris. L’efficacité de notre argument résidera dans la façon dont nous le relions à la réalité objective afin que chaque personne puisse comprendre la philosophie et l’associer à des problèmes au sein de leurs récits personnels. Tout au long de son essai, Ebeling veut que nous argumentions de manière cohérente et logique sans se laisser embourber dans des petites polémiques.
Chris Hattingh analyste pour the Free Market Foundation.
Article publié en collaboration avec Libre Afrique.