La Côte d’Ivoire s’est réveillée ce matin avec une gueule de bois. La locomotive de l’Afrique de l’Ouest nage dans la confusion. Si Abidjan est sous le contrôle de l’armée régulière, plusieurs autres villes, dont Bouaké et Korhogo, sont encore aux mains des rebelles. Selon nos informations, un combat décisif devrait se livrer à Bouaké.
» Yamoussoukro est sous couvre-feu. Il n’y a personne dans les rues. La ville appartient entièrement aux mutins et les policiers ont disparu depuis hier. La population reste cloîtrée chez elle « , témoigne un habitant, une demi-heure après la levée officielle du couvre-feu. Les autorités ivoiriennes ont instauré le couvre-feu sur tout le territoire de 18h à 8h jeudi soir, après la tentative de coup d’Etat imputée au général Robert Gueï qui a été tué, selon le ministre de la Défense, jeudi après-midi.
A Abidjan, les rues sont calmes mais désertes. Le Président Laurent Gbagbo rentré de Rome, hier soir vendredi, a fait à la télévision ivoirienne une déclaration très ferme marquant sa volonté de reprendre en main l’ensemble du territoire, et de faire obstacle aux mutins qui disposeraient, selon lui, d’armes lourdes modernes de provenance étrangère.
Les mutins résistent à Bouaké
Depuis jeudi, les échanges de tirs sont sporadiques à Bouaké, seconde ville du pays, à 400 km d’Abidjan. Le ministre des Sports ivoirien, Francois Amichia, pris en otage jeudi à Bouaké par les insurgés, a affirmé ce vendredi dans une déclaration à la radio nationale que les mutins lui avaient demandé de jouer le rôle de médiateur avec le gouvernement. « Ils m’ont demandé de dire au gouvernement ivoirien qu’ils sont prêts à négocier et qu’ils veulent que leurs conditions soient révisées. Ce matin nous avons fait un tour de Bouaké. Je peux vous assurer que rien n’a été pillé. Tous les magasins sont fermés, les rues sont vides ; il n’y a pas eu de violences « , témoigne le ministre.
Le ministre ivoirien de la Défense, Moïse Lida Kouassi, a annoncé pour ce samedi une offensive massive de l’armée régulière sur Bouaké et l’Etat Major ivoirien a dépêché un ensemble de hauts gradés pour coordonner toutes les forces armées disponibles pour cette attaque.
Pour les autorités ivoiriennes, la tentative de coup d’Etat va échouer. Le dernier bilan est de 80 militaires loyalistes tués, mais pourrait s’alourdir au cours des prochains affrontements.