Colonisation française : l’effet boomerang


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Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy

Cinq ans après l’adoption en France (puis l’abrogation) de la fameuse loi sur le« rôle positif » de la colonisation, un groupe de 125 députés algériens veut faire adopter à la prochaine cession de l’Assemblée nationale un texte pour la « criminaliser ». Alger réclame toujours des excuses, Paris grince des dents.

Cinq ans après l’adoption de la très controversée loi sur son « rôle positif » dans ces anciennes colonies, la France reçoit son boomerang en pleine figure. Un groupe de 125 parlementaires algériens, conduit par le député du Front de Libération Nationale (FLN, majoritaire à l’Assemblée) Moussa Abdi, veut faire adopter un texte pour « criminaliser » la colonisation française à la cession de printemps de l’Assemblée nationale. En réponse à la loi française du 23 février 2005 vantant « le rôle positif de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord », et qui avait suscité un polémique telle que le président de l’époque Jacques Chirac dût se résoudre à la faire abroger un an plus tard.

La proposition de loi algérienne prévoit de « créer des tribunaux spéciaux pour juger les responsables de crimes coloniaux ou de les poursuivre devant les tribunaux internationaux », a indiqué Moussa Abdi à l’AFP. Les signataires, parmi eux les représentants du Mouvement de la société de la paix (MSP) et du parti Islah, demandent à la France de « présenter ses excuses pour la période coloniale et d’indemniser le peuple algérien ». Lors d’une visite en Algérie en décembre 2007, le président français Nicolas Sarkozy avait concédé que le système colonial était « injuste par nature », mais refusé toute idée de « repentance ».

« Encore des cicatrices »

A Paris, l’initiative des députés algériens a fait grincer des dents. « Je regrette cette proposition », a déclaré le ministre de l’Immigration Eric Besson, mardi, sur RMC, évoquant un « sujet sensible » dont il reste « encore des cicatrices ». Plus téméraire, le secrétaire d’Etat à la Défense et aux anciens combattants, Hubert Falco, a qualifié la proposition de loi d’«inquiétante et incompréhensible », devant l’Assemblée nationale. « Il faut donc se garder de tout procès d’intention à l’égard des autorités algériennes qui ne sauraient cautionner une charge anti-française aussi outrancière, profondément blessante, insultante pour nos compatriotes rapatriés et pour notre mémoire nationale », a-t-il ajouté, rappelant qu’« il s’agit d’une proposition de loi qui n’a pas été débattue par l’Assemblée algérienne et sur laquelle le gouvernement algérien ne s’est pas prononcé .»

Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui a une visite de prévue à Alger en début 2010, a quant à lui choisi la carte de la diplomatie. « Aurait-il donc fallu que la France réagisse dès maintenant à un projet qui n’est encore qu’en phase de conception et qui ne fait l’objet d’aucun soutien de la part des Algériens ? Cela me semble prématuré », a-t-il déclaré, mardi.

En dépit de cette controverse et les relations contrariées entre Alger et Paris ces derniers mois, la France a envoyé récemment « trois signaux positifs » à l’Algérie, indique TSA Algérie, citant une source proche de la présidence algérienne : le non-lieu requis le 9 février par le parquet de Paris en faveur du diplomate algérien Mohamed Hasseni, dont l’inculpation il y a quelques mois pour l’assassinat supposé d’un opposant algérien avait été à l’origine de fortes tentions diplomatiques entre les deux pays ; l’adoption, mardi, à l’Assemblée nationale, d’une convention de partenariat franco-algérien malgré la polémique ; et enfin, l’annonce de Renault d’ouvrir prochainement une usine de montage de voitures en Algérie. Mais il ne faut pas s’y tromper. Sur le plan économique, les relations entre les deux pays sont « très bonnes depuis l’indépendance, tempère l’historien Benjamin Stora dans un entretien à Libération, mais des contentieux mémoriels se sont développés et aggravés. Les autorités algériennes continuent à reprocher à la France des silences sur la séquence historique qui va de la conquête de l’Algérie à la guerre d’indépendance. »

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