J.M. Coetzee vient de remporter le prix Nobel de littérature, une distinction internationale qui couronne 30 ans de carrière. C’est le deuxième Sud-africain à être ainsi récompensé pour son œuvre, après Nadine Gordimer en 1991. Cet écrivain discret, vivant en Australie, a été choisi pour « la qualité et la variété » de ses ouvrages qui évoquent l’Afrique du Sud de la ségrégation et post-Apartheid.
Un deuxième prix Nobel de littérature pour l’Afrique du Sud. Après Nadine Gordimer en 1991, c’est J.M. Coetzee qui vient d’être couronné par l’Académie suédoise. Auteur d’une œuvre complexe, souvent sujette à polémique, J.M. Coetzee succède au Hongrois Imre Kertész, lauréat 2002. « Notre choix a été facile », explique Horace Endgahl, le secrétaire permanent de l’Académie. « Nous étions convaincus de la valeur de sa contribution à la littérature. Je ne parle pas du nombre de livres écrits mais de leur très haute qualité et de leur variété. Je pense que c’est un auteur que l’on continuera pendant longtemps à analyser et qu’il fait partie de notre héritage littéraire. »
Son style dépouillé et tranchant est volontiers comparé par les critiques à celui d’un Beckett ou d’un Kafka. « Les romans de J.M. Coetzee se caractérisent par une composition astucieuse, des dialogues condensés et une brillance analytique », indique le comité de l’Académie. « Coetzee n’applique jamais la même recette à deux ouvrages, ce qui contribue à la grande variation de son œuvre. »
Marqué par l’Apartheid
Quatrième Africain à obtenir le Nobel de littérature depuis 1980, J.M. Coetzee est né au Cap en 1940 au sein d’une famille anglo-allemande. Docteur en littérature anglaise, il débute sa carrière d’écrivain en 1974 avec la publication de Dusklands (Terres de crépuscule). Ses premiers livres sont fortement marqués par les années d’Apartheid dans lesquelles il a grandi et l’Afrique du Sud est omniprésente dans les suivants, même si elle n’est pas toujours citée. C’est son ouvrage En attendant les barbares, paru en 1980, qui le rend célèbre sur la scène littéraire sud-africaine et internationale. « Un thriller politique dans la lignée de Joseph Conrad, où la candeur ouvre la porte à l’horreur », note le secrétaire permanent du Nobel.
L’écrivain a quitté l’Université du Cap pour celle d’Adélaïde, en Australie, début 2002, et donne cet automne des cours à l’Université de Chicago. Dans un communiqué publié par celle-ci, il réagit avec sa légendaire discrétion à l’attribution du prix : « Cela a été une surprise totale. Je ne savais même pas que l’annonce allait intervenir. » Pourtant, son nom circulait depuis longtemps pour le prix Nobel. Il est en effet le seul écrivain à avoir reçu deux Booker Prize, en 1983 avec Michael K, sa vie, son temps et en 1999 avec Disgrâce), sombre allégorie de la société sud-africaine post-apartheid.
Ecrivain sauvage
Son prix s’accompagne de la rondelette somme de 1,11 million d’euros. Mais il se peut que l’écrivain, qui fuit les journalistes et les apparitions publiques, ne fasse pas le voyage pour la remise officielle, qui a traditionnellement lieu le 10 décembre. La presse nationale sud-africaine célèbre aujourd’hui l’auteur qui reste pourtant peu lu dans son pays. A part Disgrâce qui a connu un tirage de 100 000 exemplaires, ses autres titres n’ont pas touché un très large public.
Pour autant, le Président Thabo Mbeki a déclaré : « Au nom de la nation sud-africaine et du continent africain dans son ensemble, nous saluons notre dernier prix Nobel et nous nous engageons derrière lui dans la gloire qui découle de cette reconnaissance. Nadine Gordimer quant à elle, s’est déclarée heureuse pour son compatriote. « C’est un honneur pour le pays et cela montre de quelle façon la littérature sud-africaine s’est développée, notamment sous la période difficile que nous avons vécue. »
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