Le lancement par Coca-cola d’une nouvelle boisson parfumée à la vanille fait la fortune des fermiers ougandais. La firme américaine achète la production de vanille à bon prix et fait grimper les cours. Saisissant la balle au bond, l’Ouganda prévoit de doubler sa production.
L’Afrique pourrait bien sauver Coca-cola, et réciproquement. Pour tenter de donner un nouveau souffle à l’élixir d’Atlanta après un bilan 2001 catastrophique, Coca a sorti en mai dernier le Vanilla Coke, parfumé à la vanille. Selon le cabinet d’études des boissons non alcoolisées Beverage digest, le dernier né de la firme aurait été, dès le premier mois de sa mise en vente, le soda le plus vendu dans les supermarchés américains. Or, pour faire du Vanilla Coke, il faut, bien sûr, de la vanille… Coca-cola, qui lance ce mois-ci la version » light » de son nouveau produit, prévoit d’acheter jusqu’à 10% de la production mondiale de vanille pour subvenir à ses besoins. Une mainmise sur le marché qui fait grimper les cours et profite aux pays producteurs, à commencer – surprise – par l’Ouganda.
L’Ouganda en tête
Pourtant loin derrière Madagascar, leader mondial du marché, et les Comores, l’Ouganda a su saisir la balle au bond. » On a conseillé aux fermiers d’augmenter leur production et la qualité de leur vanille s’ils voulaient profiter des retombées lucratives du lancement de Vanilla Coke « , explique Henry Kibuuka, le coordinateur de l’Association nationale de producteurs de vanille d’Ouganda, la semaine dernière à The New Vision. Suivant ces conseils, les fermiers ougandais ont pu écouler leur récolte auprès de Coca-cola à des prix particulièrement élevés, entre 25 000 shillings (14,7 euros) et 40 000 shillings (23,6 euros) le kilo de vanille brute, selon la qualité. L’Association nationale de producteurs prévoit une augmentation de 50% de la production ougandaise pour 2004 et fait déjà état de 300 nouveaux producteurs dans ce secteur dans les cinq derniers mois.
Ce partenariat est en passe de faire rentrer l’Ouganda dans la cour des grands pays producteurs de vanille. Mais, premier problème, les fermiers se plaignent déjà de la flambée des prix du matériel agricole nécessaire à la culture de la célèbre orchidée. A plus grande échelle, la hausse continue des cours de la vanille depuis deux ans rend les acheteurs craintifs. Nombre d’entre eux tendraient à se rabattre sur la vanille de synthèse, moins chère et produite en Europe. Mais si les canettes de Vanilla Coke continuent de préciser » arôme naturel : vanille » et de se vendre aussi bien, l’Ouganda devrait tirer son épingle du jeu.