Une marche en mémoire de Zyed Benna et de Bouna Traoré s’est déroulée, ce vendredi matin, à Clichy-sous-Bois. Leur mort, le 27 octobre 2005, avait déclenché des émeutes dans les banlieues françaises. L’hommage a été l’occasion de lancer un appel au calme. Alors que les spéculations vont bon train sur la reprise des violences urbaines.
Un an, 27 octobre 2005 – 27 octobre 2006, que Zyed Benna, 17 ans, et Bouna Traoré, 15 ans, ont trouvé la mort par électrocution dans un transformateur EDF. Ils s’y ‘étaient cachés pour échapper à la police à l’issue d’une course-poursuite. Plus d’un millier de personnes ont marché silencieusement,ce vendredi matin, dans les foulées des adolescents affolés d’alors à Clichy-sous-Bois. Ils n’avaient pourtant rien à se reprocher. Ce drame a été à l’origine de trois semaines de violences urbaines en France.
Une banderole, avec la mention « Zyed et Bouna, morts pour rien » et portée par des membres de l’association Au-delà des mots (ADM), ouvrait l’émouvante procession. L’association a été créée au lendemain de la tragédie par les jeunes de la ville. Les familles, leurs avocats et le maire PS de Clichy-sous-Bois, Claude Dilain, ont précédé le reste du cortège composé notamment de Muhittin Altun, le troisième garçon qui avait été grièvement brûlé. Une stèle blanche en la mémoire des deux jeunes disparus a été ensuite dévoilée par le maire de Clichy.
Calmer les esprits
Du côté de la justice, l’enquête sur leur mort se poursuit. Les 20 et 21 novembre prochains, plusieurs policiers dont certains pourraient être mis en examen pour non assistance à personne en danger, sont convoqués devant le juge d’instruction Olivier Géron. « Il faut que le calme, la dignité, le courage qui règnent ici persistent. Montrons qui nous sommes vraiment ! Ayons confiance dans la justice, dans la République française ! », a déclaré le maire de Clichy lors de cette commémoration. Son appel au calme intervient après l’incendie, il y a quelques jours, d’un bus à Grigny et de l’attaque d’un autre, entre Bagnolet et Montreuil (Seine-Saint-Denis), par une dizaine de personnes cagoulées. Et après la publication, le 11 octobre dernier, d’un rapport des Renseignements Généraux. « La gestion, indique-t-il, de la commune de Clichy-sous-Bois dans les prochains jours sera un élément déterminant pour anticiper la survenance de troubles et une éventuelle contagion à d’autres secteurs ».
Cependant, le document constate surtout que les conditions qui ont prévalu aux émeutes de l’automne 2006, pendant lesquelles 10 000 voitures ont été incendiées, sont toujours d’actualité. Une confirmation du sentiment des jeunes résidant dans les banlieues : ils estiment que rien n’a vraiment changé pour eux depuis ces évènements. Pour la cousine de Bouna, il n’est pourtant pas question de replonger dans la violence, « ça ne résoudra pas les problèmes », a-t-elle affirmé ce vendredi.