Denis Sassou N’Guesso, le chef de l’Etat congolais, a finalement jeté son dévolu sur Clément Mouamba. Par décret en date du 23 avril 2016, cet économiste, réputé efficace et discret, ex-ministre des Finances de l’ancien Président Pascal Lissouba, a été nommé Premier ministre du Congo-Brazzaville. Les observateurs y voient un signe d’ouverture vis-à-vis de l’opposition et d’apaisement à l’égard de la partie Sud du pays, mais surtout le choix de la compétence à l’heure où priorité est donnée à la relance économique.
Envoyé spécial à Brazzaville,
Il sera chargé de composer la future équipe gouvernementale et de mettre en musique la politique conçue par le Président Denis Sassou N’Guesso, lui-même investi, il y a une semaine, pour un nouveau mandat de cinq ans. « Il », c’est Clément Mouamba, l’ancien ministre des Finances du précédent Président, Pascal Lissouba, et membre éminent de l’UPADS jusqu’à une date récente.Cet ex-banquier formé en France, à la soixantaine passée, est« un stakhanoviste, reconnu pour sa compétence et sa rigueur », dit de lui un proche avec qui il a travaillé dans ses précédentes fonctions.
La nomination de Clément Mouamba au poste de Premier ministre n’a pas surpris les observateurs de la scène politique congolaise. Elle les a même plutôt rassurés.Beaucoup, au Congo, espéraient en effet une telle nomination. « A travers elle, un triple signal est envoyé à l’opinion publique congolaise », décrypte un professeur en sciences politiques de l’Université de Pointe-Noire. « Un, priorité donnée à l’économie ; deux, apaisement vis-à-vis du Sud ; et, trois, réconciliation entre les anciens adversaires d’hier ». En somme, « le choix de la compétence, mais aussi de l’ouverture et de l’apaisement », résume l’un de ses confrères de l’Université de Brazzaville.
Apprécié du public, ce haut cadre de la Banque des Etats de l’Afrique Centrale, a été ministre des Finances dans le tout premier gouvernement formé par Pascal Lissouba après sa victoire à l’élection présidentielle de 1992. Originaire de la Lékoumou, un département situé dans le sud-ouest du Congo, il a été membre du bureau politique de l’Union panafricaine pour la démocratie sociale (UPADS), la première formation de l’opposition. Sanctionné après avoir pris part aux consultations présidentielles qui ont conduit au dialogue de Sibiti, puis au référendum constitutionnel, il continue de partager « l’essentiel des idées de ce parti »,affirme un de ses proches, par ailleurs militant de l’UPADS.
La mission de Clément Mouamba tiendra pour l’essentiel en deux points : former le premier gouvernement du quinquennat du Président Denis Sassou N’Guesso ; mais surtout accélérer le développement économique du Congo-Brazzaville suivant la volonté du Président lui-même qui a placé son nouveau mandat sous le signe de l’économie, du social et surtout de la lutte contre le chômage, en particulier celui des jeunes.