Claudy Siar : « Mon projet radiophonique est porteur d’espoir ! »


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Claudy Siar
Claudy Siar

Depuis plusieurs semaines, la période de renouvellement des fréquences radiophoniques en Ile-de-France donne lieu dans le monde médiatique antillais à des débats passionnés. Les accusations non fondées, les calomnies, les atteintes à la vie privée et les menaces en tout genre dont je suis la cible, m’obligent à sortir de la réserve que je m’étais imposée par souci de respect de notre communauté…

Par Claudy Siar

Depuis plusieurs semaines la période de renouvellement des fréquences radiophoniques en Ile-de-France donne lieu dans le monde médiatique antillais à des débats passionnés. Les accusations non fondées, les calomnies, les atteintes à la vie privée et les menaces en tout genre dont je suis la cible, m’obligent à sortir de la réserve que je m’étais imposé par souci de respect de notre communauté.

Je n’ai aucunement l’intention de lancer une opération hostile ou non de rachat d’une radio antillaise ou africaine déjà existante. Dans la réglementation audiovisuelle française les choses ne se passent pas ainsi. Chacun peut d’ailleurs se rapprocher du CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel), afin de prendre connaissance de la législation de notre pays dans ce domaine. Il y a bien eu voilà plusieurs mois des discussions souhaitées entre deux parties en vue d’une collaboration mais elles n’ont pas abouti. Ayant répondu à l’appel d’offres du CSA (comme d’autres chefs d’entreprises) pour la fréquence parisienne du 92.6, je m’étonne d’un tel déchaînement de violences verbales à mon encontre orchestré par un petit groupe de gens et dicté par la volonté manifeste de porter atteinte à mon intégrité et à mon honneur.

Je voudrais rappeler à tous que seul le CSA (et donc l’Etat) est habilité à porter un jugement sur tel ou tel dossier de candidature, d’en apprécier la pertinence et la viabilité. J’ajouterais que seul des Français dont les sociétés et les capitaux sont français peuvent prétendre à l’attribution d’une fréquence dans notre pays.

Vous connaissez tous mon engagement pour nos cultures, le respect de notre mémoire, notre histoire et nos identités. Le 21 septembre 1991 (le jour du décès d’Eugène Mona), j’organisais avec Greg Germain une manifestation, choqué d’avoir dû subir sur une chaîne publique le flot d’insultes de Charles Trenet à l’encontre des noirs. Je fus le premier, en France, à organiser une manifestation populaire commémorative de l’abolition de l’esclavage baptisée « La fête des nègres marrons ». Plus de 10 000 personnes venues le temps d’un défilé de la place de la République à la place de la Nation à Paris rappeler ce crime contre l’humanité et poser le problème des discriminations faites aux noirs en France…c’était le 23 avril 1993.

Ouvrir une nouvelle ère

La réalisation d’émissions de radio et de télévision témoigne aussi de mes prises de positions et de mes engagements dans un esprit républicain et donc citoyen. Aujourd’hui, en Afrique, des millions de personnes (jeunes et âgés, célèbres et anonymes) sont attachés à l’esprit et au principe du mouvement « Génération Consciente » dont je suis à l’origine. Mais je ne tire aucune gloire d’avoir posé de tels actes. Mes combats s’ajoutent à ceux de tous les autres menant une lutte digne pour le respect de la personne humaine.

J’entends ici et là des personnalités affirmer qu’elles « sont » la communauté. Chacun d’entre nous incarne la communauté. Que nous soyons une personne publique ou non ! Nous détenons tous une partie précieuse de nos identités. Nous avons tous l’obligation de ne pas nous donner en spectacle en jetant en pâture l’un des nôtres parce qu’il menace ce que l’on considère comme étant notre « champ d’action exclusif ». Nous avons tous l’obligation de bâtir et non de détruire et surtout de ne pas laisser perdurer des situations dénoncées par tous. Chacun en son âme et conscience doit prendre ses responsabilités et faire le bilan de ses actions. Mes velléités radiophoniques légitimes sont dictées par des constats :

La situation économique désastreuse de l’entreprenariat des originaires d’Outre-Mer en France ;

La précarité de nos artistes musiciens obligés d’accepter des règles du jeu les paupérisant chaque jour un peu plus ;

L’absence de la voix des français d’Outre-Mer dans les grands débats qui animent notre pays.

Tant d’autres points mériteraient d’être soulevés. L’avènement d’une radio aurait dû répondre à ces problématiques. Les réalités que nous connaissons ne sont pas des fatalités et vouloir changer les choses doit être pour chacun d’entres nous un devoir. Car c’est bien de cela dont il est question : le devoir. Apprendre à servir et non se servir ! Apprendre à conjuguer nos talents, apprendre à se respecter ! Apprendre à rassembler !! Depuis des années, j’entends les plaintes des français d’Outre-Mer d’Ile de France. Mon projet radiophonique est porteur d’espoir ! Né pour répondre aux attentes des uns et des autres. Ce que je propose est une autre vision de nous-mêmes, celle des français d’Outre-Mer qui gagnent. Celle des français d’Outre-Mer occupant la même place que tous les citoyens au sein de notre pays. « Touchez l’horizon » comme le chante Admiral T, l’ouvrir à nos cultures et à nos identités, c’est un projet pour lequel j’appelle toutes les bonnes volontés à œuvrer afin de ne plus connaître la défaite.

Hier le 92.6 était occupé par Tropic FM. Aujourd’hui par Médiatropical. Et pour demain…
Seul de CSA à la réponse. Alors attendons et ne laissons pas cette compétition ajouter à nos divisions. Mais quelle que soit la décision, cet épisode médiatique aura rappelé aux uns et aux autres les devoirs et non les « droits exclusifs » qu’ils pensent avoir. Que ce moment de déchirement passager ramène les « leader de la communauté » à plus d’abnégation et de respect de l’autre en tenant leurs promesses. Au regard de la position de notre communauté au sein de la société française ; le mérite n’est pas de faire…mais de faire et de réussir.

Fraternellement.

Claudy Siar

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