La situation se complique pour Claude Guéant, de plus en plus empêtré dans ses histoires de tableaux. Quinze jours après ses explications contestées sur le versement de 500 000€ qu’il avait reçu de l’étranger, l’ancien bras droit de Nicolas Sarkozy se voit aujourd’hui accusé d’avoir « emprunté » le tableau de l’artiste James kadjo Houra offerte à l’ancien Ministre de l’Intérieur, dans le cadre de ses fonctions, par le président ivoirien, Alassane Ouattara.
Quinze jours après les révélations du Canard Enchaîné sur un versement de 500 000 Euros que l’ex ministre de l’Intérieur français avait expliqué de façon peu crédible par la vente de deux tableaux d’un peintre hollandais, l’ancien Ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy est de nouveau pris par la patrouille en flagrant délit, et cette fois ci encore il ne peut s’en prendre qu’à lui même. C’est en effet parce qu’il recevait les caméras des journalistes français dans son bureau pour leur servir ses explications sur cette histoire de versement de 500 000€ qu’une nouvelle affaire le touche aujourd’hui. Sur sa commode, bien visible, se trouve un beau tableau de l’artiste Ivoirien James Kadjo Houra ! et le site ivoirien Koaci.com de retrouver sa trace. Ce tableau fut offert à celui qui était alors ministre de l’Intérieur par Alassane Ouattara en novembre 2011.
Or, depuis 2007 une circulaire signée François Fillon (voir pièce ci dessous), alors Premier Ministre stipule : « Les cadeaux offerts aux membres du Gouvernement ou à leur conjoint, dans le cadre de l’exercice des fonctions gouvernementales, notamment à l’occasion des visites effectuées à l’étranger ou de réception en France sont, pour leurs auteurs, la manifestation de la volonté d’honorer la France. C’est donc à l’Etat qu’ils s’adressent au dela de personne du récipiendaire (…) Il est en conséquence normal qu’ils n’entrent pas dans le patrimoine personnel du ministre ou de sa famille.
Une circulaire très claire dont les personnes mal intentionnées déduiront que Claude Guéant a « dérobé » la toile qui lui fut offerte au lieu de la remettre au mobilier national dès lors qu’il quittait ses fonctions ministérielles. Une interprétation que conteste Claude Guéant qui faisant référence à la phrase suivante de la circulaire « Tel est l’objet du dispositif suivant qui ne concerne que les cadeaux de valeur ou qui présentent un intérêt artistique, culturel, scientifique ou historique » explique à Europe1 que » La lecture faite sur Internet de cette circulaire n’est pas exacte. C’est oublier le critère de valeur. Or ce tableau n’a pas de valeur marchande mais il a une valeur affective bien réelle. »
Voici donc un ancien Ministre de l’Intérieur, aujourd’hui avocat spécialisé sur l’Afrique, qui fait des affaires avec des œuvres d’art. Après avoir réussi, selon ses explications, à vendre 500 000€ deux toiles d’un obscur maître hollandais alors que les spécialistes semblent unanimement considérer que leurs prix ne dépassaient pas 15 000€, voici qu’aujourd’hui il prétend sans valeur le tableau de James Houra. En dehors de l’affront fait à la Côte d’Ivoire et à son président, Alassane Ouattara, puisqu’il sous-entend par là que le cadeau qui lui fut fait ne vaut rien, cela montre une nouvelle fois la mauvaise connaissance qu’a Claude Guéant du marché de l’art puisque le 9 avril dernier, l’AFP écrivait à propos d’une exposition d’art contemporain à Abidjan : « Le marché intérieur ivoirien est « caractérisé par un art de salon destiné à l’ornementation des bureaux et des intérieurs cossus », indique Franck Hermann Ekra, critique d’art. Monné Bou, James Houra et Kablan sont ici les artistes « les plus cotés » de ce marché. »
Mais ces histoires de tableaux ne sont peut être pas les seuls ennuis qui attendent Claude Guéant. Koaci toujours rapporte qu’il « apprend ce vendredi (10 mai 2013 ndlr), de sources diplomatiques françaises, que la justice du pays de François Hollande s’intéresserait de près aux aller et venues de Claude Guéant en Côte d’Ivoire lors de la présidence de Nicolas Sarkozy », une enquête qui serait liée aux marchés de rééquipement de la police ivoirienne, un dossier d’un milliard de francs Cfa qui a déjà fait couler beaucoup d’encre en Côte d’Ivoire ces deux dernières années.
L’art et la Côte d’Ivoire n’ont semble-t-il pas fini de poursuivre Claude Guéant.