Citizen Capital est un fonds d’investissement d’un nouveau genre. Il investit dans des petites et moyennes entreprises en phase de croissance implantées dans des zones défavorisées et / ou dirigés notamment par des entrepreneurs au profil ou au parcours atypique (autodidactes, minorités visibles). Un modèle qui a déjà fait ses preuves dans les pays anglo-saxons. Rencontre avec les deux instigateurs de ce fonds : Laurence Méhaignerie et Pierre-Olivier Barennes.
Citizen Capital ne ressemble pas aux autres fonds d’investissement. Il finance des petites et moyennes entreprises (PME) en phase de croissance dirigées par des entrepreneurs issus de la diversité et/ou implantés dans des zones défavorisés. A la tête de Citizen Capital, Pierre-Olivier Barennes, spécialisé dans l’investissement en capital dans des sociétés non cotées et Laurence Méhaignerie, ancienne journaliste au Courrier des Maires et chercheuse à l’Institut Montaigne, en particulier sur les problématiques de diversité. Un duo énergique qui a mis ses compétences au service de la création de Citizen Capital. Un fonds prometteur qui, pour une fois, investit dans des PME au profil atypique. Interview.
Afrik.com : Pourquoi avoir créé Citizen Capital ?
Pierre-Olivier Barennes : On est partis de quelques constats très simples : la faiblesse de l’offre de financements en fonds propres à destination des petites entreprises. Les fonds d’investissement ont tendance à investir dans de grosses sociétés au détriment des PME. Il est aujourd’hui plus difficile de trouver 1 million d’euros que 5 ou 10 millions d’euros. D’autre part, nous avons constaté qu’il se crée en France beaucoup d’entreprises. Mais, peu se développent. Notre objectif est donc d’aider les sociétés à passer de 15 à 50 ou de 100 à 200 personnes.
Laurence Méhaignerie : De par mon métier de journaliste, j’ai eu l’occasion de discuter avec des dirigeants d’entreprises issus des minorités. Au cours de ces rencontres, je me suis aperçue que ces entrepreneurs s’en sortaient très bien. Il y a un réel dynamisme en termes de créations d’entreprises dans les zones urbaines sensibles. On a constaté que les fonds ont tendance à financer les dirigeants qui sont dans les mêmes réseaux qu’eux, à savoir des hommes, blancs, plutôt sortis de grandes écoles. Notre objectif est de faire émerger des dirigeants hors-normes qui n’entrent pas dans le radar des capitaux-développeurs. Pour la création de Citizen capital, on s’est inspiré de ce qui se faisait à l’étranger. Citizen capital est fondé sur le modèle des « social venture funds » britanniques et américains. Ces fonds interviennent sur des segments délaissés par le capital investissement, dits « undversed markets » (minorités, femmes, territoires défavorisés) qui connaissent des performances très satisfaisantes, tant sur le plan financier que social. Des études semblent démontrer que les entrepreneurs au profil de « self made men » faisaient preuve de qualités entrepreneuriales exceptionnelles et développaient des entreprises de taille significative.
Afrik.com : A qui s’adresse ce fonds d’investissements ?
Laurence Méhaignerie : Citizen capital a pour objet d’investir dans les entreprises dont la majeure partie de l’activité est réalisée en France. Nous investissons dans des sociétés qui réalisent entre 1 et 20 millions d’euros de chiffre d’affaires, et ont passé le seuil de la rentabilité. Ce fonds analyse les opportunités d’investissement en fonction de critères financiers et extra financiers. Citizen capital s’intéresse à des entreprises qui entrent dans l’une ou l’autre des caractéristiques suivantes : être implantées dans des zones défavorisées ou être dirigées par des entrepreneurs ayant un profil atypique (autodidactes ou avec un niveau de formation pouvant aller jusqu’à bac +2, dirigeants issus des minorités visibles, etc) ou bien encore ayant une activité innovante d’un point de vue sociétal (politique RH, développement durable). Nous rencontrons souvent des profils très intéressants, des personnes très riches humainement, et combattantes.
Afrik.com : Quel est l’objectif de Citizen Capital?
Pierre-Olivier Barennes : Notre objectif est d’accompagner ces entrepreneurs hors normes dans le développement d’entreprises et de générer, par nos investissements, à la fois une création de valeur économique et un impact positif sur la société, notamment dans des zones défavorisées. De plus, Citizen Capital souhaite jouer un rôle d’investisseur actif au service des sociétés, en participant à la définition de la stratégie et à la réflexion sur l’amélioration de l’organisation.
Afrik.com : Comment allez-vous mettre en place cet accompagnement ?
Pierre-Olivier Barennes : Nous proposons aux dirigeants un accompagnement sur mesure. Nous pouvons, par exemple, leur proposer d’être accompagnés par un binôme composé d’un membre de la société et d’une personnalité qualifiée du réseau Citizen Capital. Son rôle sera d’accompagner et d’aider l’entreprise à se développer sur toute la durée de l’investissement. Nous participons également activement à l’appui au développement du chiffre d’affaires.
Afrik .com : Qui sont les principaux investisseurs et actionnaires de ce fonds ?
Pierre-Olivier Barennes : Citizen Capital est financé par des investisseurs institutionnels français et par des investisseurs privés qui ont été séduits par notre démarche.
Laurence Méhaignerie : Citizen Capital est supervisé par un conseil de surveillance composé de personnalités qualifiées pour accompagner le fonds en raison de leurs compétences, de leur formation ou de leur connaissance de la cible du fonds. Des personnes comme Amadou Raimi, président du conseil d’administration de Deloitte-France, ou Yazid Chir, le dirigeant de Neocles et président du Medef 93 siègent à notre conseil de surveillance. Ils ont été sensibles à notre projet et ont voulu tenter avec nous cette aventure !
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