Cirque du Monde


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Saltimbanco

Depuis cinq ans, Le Cirque du Soleil anime des ateliers de saltimbanques un peu partout dans le monde. En Afrique, plusieurs centaines d’enfants des rues ont déjà bénéficié de ces activités et ont pu, grâce à une collaboration étroite avec des associations internationales sur le terrain, sortir de la marginalité. Une manière pour le plus grand cirque du monde de ne jamais oublier ses débuts, les spectacles de rues, et d’utiliser ses arts pour permettre à des enfants de renouer avec une société qui les a délaissés.

Jongler, chanter, danser, jouer de la musique, faire du théâtre ou des acrobaties, rien de tel pour redonner à des enfants pauvres et abandonnés l’estime d’eux-mêmes. Telle est la devise du Cirque du Soleil (Canada). C’est ainsi que le plus grand cirque du monde, a imaginé le soutien au développement personnel et social des jeunes en situation précaire. Le tout grâce à des partenariats avec des organismes communautaires tels que Jeunesse du Monde et Oxfam International, qui ont tout de suite vu l’intérêt d’intégrer les propositions du Cirque du Soleil dans leurs actions humanitaires.

Depuis cinq ans seulement que le Cirque du Soleil a développé ce programme humanitaire à travers le monde, plusieurs centaines d’enfants ont déjà bénéficié d’ateliers de cirque en Afrique. Ce programme, appelé Cirque du Monde, accueille environ deux cents enfants par an au Cameroun, trois cents au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire (jusqu’à ce que la crise politique rende l’action impossible), plusieurs centaines au Sénégal et en Afrique du Sud. Le tout grâce à la collaboration des associations locales d’Oxfam International et de Jeunesse du Monde. Le Cirque du Soleil est aussi présent en Asie et en Amérique Latine et compte bien se développer.

Gagner l’estime de soi

« L’utilisation des arts répond à des besoins de base et on aimerait dans les années à venir améliorer les projets existants pour être plus efficaces encore », explique Esther Gagné. « Une des premières évolutions a été par exemple d’ouvrir nos ateliers à des enfants plus aisés afin de mélanger les enfants de différentes couches sociales entre eux, note Nicole Riberdy. Les sentiments de fierté et de reconnaissance puis la tolérance en ressortent ainsi grandis. Nous faisons maintenant de la prévention en nous adressant aussi à des jeunes en voie de déscolarisation. Nous accueillons des jeunes délinquants, des enfants drogués… Le cirque leur permet d’améliorer leur potentiel et de les aider à s’épanouir dans une meilleure voie. Grâce aux ateliers de cirque, nombreux sont les jeunes qui ont retrouvé une vie sociale ou familiale. »

« Nous savons bien que l’alphabétisation est loin d’être la priorité des enfants marginalisés. Il fallait effectivement trouver un moyen de leur redonner confiance en eux, faire en sorte qu’ils se sentent utiles et valorisés. On a pensé que des ateliers de cirque pouvaient leur procurer ces sentiments positifs rapidement et leur permettre de se réinsérer dans la société durablement », explique Nicole Riberdy, présidente des Jeunesse du Monde. Le processus de réinsertion prend du temps mais il fait ses preuves. Le cirque fascine. Alors quand un enfant réussit des prouesses et que le public applaudit, la victoire qu’il remporte sur lui-même et l’émerveillement des spectateurs rejaillissent immédiatement sur le moral de l’enfant.

Ecole de la vie

Le cirque a le pouvoir de donner aux enfants que la société a délaissés le goût de la vie, l’envie d’apprendre, d’évoluer, de se faire des amis. « Le cirque crée un nouvel espace de participation et de communication entre des jeunes qui, très souvent en Afrique, n’ont pas la possibilité de s’exprimer », analyse Esther Gagné, directrice du programme Cirque du Monde. « Nous intégrons dans les spectacles que nous préparons avec les enfants des thèmes majeurs comme l’apprentissage d’un métier, le rôle de l’école, la sensibilisation au sida, explique Nicole Riberdy de l’association Jeunesse du Monde. A Beyrouth par exemple, les enfants ont sillonné les rues et ont présenté leur spectacle dans des écoles, dans des hôpitaux. Ils ont beaucoup appris de cette expérience. »

Moustapha Ndiogou, directeur des programmes Afrique aux Jeunesse du Monde au Burkina Faso raconte avec enthousiasme que « certains sont là depuis plus de trois ans et rêvent toujours d’être des artistes de cirque, même si au départ le but était seulement de faire d’eux des citoyens responsables, capables de jouer un rôle dans une société en devenir. D’autres sont stabilisés et se sont trouvés un métier ou sont retournés à l’école ».

Engagements sociaux et aide humanitaire

D’autres ont monté des projets de spectacles de retour à leur village et certains ont même choisi de devenir moniteurs pour aider d’autres enfants à leur tour. A l’image de Lamine, 18 ans, né à Bobo-Dioulasso au Burkina Faso : « A l’âge de 14 ans, mes parents m’ont envoyé dans un centre pour jeunes en difficulté à Ouagadougou. J’ai commencé par aider les moniteurs de cirque pour superviser les jeunes et les accompagner avec la musique de mon tam-tam. Avec les ateliers, les adultes me considéraient pour ce que je pouvais faire. En octobre dernier, des gens du Québec sont venus pour faire une formation aux moniteurs. On m’a demandé d’y participer. Depuis ce temps-là, je fais partie de la nouvelle équipe des moniteurs. Des jeunes viennent parfois me voir pour me raconter leurs difficultés. Je sais ce qu’ils ressentent et je peux désormais leur donner des conseils. »

En plus d’apporter un capital humain et de former des moniteurs capables d’enseigner les arts du cirque à travers le monde, Le Cirque du Soleil finance ces activités sociales à hauteur d’un pour cent des revenus de ses spectacles chaque année, soit cinq millions de dollars pour l’année 2004. De quoi réaliser quelques projets et participer à construire des vies plus heureuses. « Le Cirque du Soleil est né dans la rue. Ce programme est aussi un moyen pour nous de faire vivre le souvenir de nos origines. Le père fondateur du Cirque, Guy La Liberté, a commencé par des spectacles de rues avec des enfants exclus. Le Cirque a à présent les moyens de ses rêves. Il rassemble aujourd’hui des artistes du monde entier et tous sont très attachés à l’aide humanitaire. Les artistes n’accepteraient pas qu’on se retire de ces engagements sociaux, expriment en chœur Chantal Côté et Daniel Lamarre, respectivement directrice de la communication et président du Cirque du Soleil. Ces actions font partie du Cirque du Soleil et nous en sommes fiers ».

Par Nathalie Rohmer

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