Le ministre marocain de l’Intérieur, Mohamed Hassad, autorise désormais les autorités locales à accéder aux universités « en cas de menace à la sécurité ». Cette décision est loin de plaire aux étudiants et associations des droits de l’Homme.
La sacralité des universités marocaines, c’est terminé ! Désormais, les forces de l’ordre sont autorisées à pénétrer dans l’enceinte des facultés et des cités universitaires « en cas de menace à la sécurité ». Cette décision, prise conjointement par le ministère de l’Intérieur et celui de l’Enseignement, fait polémique. Elle a été formalisée mardi à travers une circulaire qui rappelle, entre autres, aux présidents des universités et aux directeurs des cités universitaires qu’ils sont tenus de « veiller à l’application rigoureuse des règlements internes relatifs à l’accès aux universités et aux cités et à l’organisation des activités parallèles qui doivent respecter « autrui » ainsi que l’enceinte universitaire ».
Plusieurs cas de violence
L’initiative du gouvernement intervient suite aux violences enregistrées depuis le début de l’année dans les universités situées à Agadir, Marrakech, Fès, Kenitra, Martil, et à un moindre degré Taza et Settat. La ville d’Agadir détient la palme d’or en la matière. Au moins 20 cas de violence ont été signalés dans les universités de la capitale du Souss, dont le bilan est de 10 policiers blessés et 57 étudiants arrêtés, dont 11 détenus dans l’attente de leur procès. A Marrakech, 3 policiers ont été blessés et 8 étudiants interpellés dans 5 cas de violence. Mais c’est à Fès où des violences ont causé la mort de l’étudiant islamiste El Hasnaoui, que revient la chandelle. Au moins 50 étudiants ont été interpellés, dont 20 toujours en détention, dans quatre cas de violence.
« La rigueur sera le mot d’ordre face aux actes de violence au sein des universités et cités universitaires », et « les factions étudiantes à l’origine des violences dans l’enceinte universitaire seront traitées avec fermeté », a souligné le ministre.
Khadija Ryadi dénonce une « militarisation » de l’université
Khadija Ryadi, lauréate du prix des Nations-Unies pour la cause des droits de l’Homme, a exprimé son inquiétude. Selon l’ancienne vice-présidente de l’Association marocaine des droits humains, « la violence n’est qu’un prétexte pour militariser l’université et faire un blocus aux militants et aux étudiants », rapporte H24info.ma. Elle affirme que les autorités avaient connaissance des étudiants ayant recours à la violence, mais n’a pas réagi afin que la situation dégénère.
« Le problème avec cette circulaire est qu’elle officialise et rend légale quelque chose que faisaient déjà les éléments des forces de l’ordre quand ils envahissent l’université », affirme-t-elle. Khadija Ryadi, appelle les étudiants à militer contre la circulaire Hassad.