La journaliste française Christine Kelly participait aux débats du Colloque International sur les Médias en Afrique qui s’est tenu à Libreville du 28 au 31 mai 2002. En exclusivité pour Afrik.com, elle revient sur ce que cette rencontre lui a apporté.
Afrik : Quel sentiment retirez-vous du Colloque international de Libreville sur les Médias africains ?
Christine Kelly : Pour ma part, j’ai découvert un monde qui m’était jusqu’alors inconnu. Justement celui des médias en Afrique et des médias africains. J’ai découvert à quel point ces médias ont évolué sur le continent africain depuis ces dix dernières années, comme j’ai pris la mesure du chemin qui reste à parcourir. Bref ce fut une véritable prise de conscience.
Afrik : Le thème de votre table ronde était : » Comment améliorer l’image de l’Afrique? » Quelles furent vos conclusions ?
Christine Kelly : Il faut tout d’abord que les médias africains arrivent à se libérer complètement de toute pesanteur et de toute entrave, qu’ils maîtrisent parfaitement leur outil, pour parvenir à donner d’eux-mêmes une image plus juste et plus valorisante. Le second point essentiel qui s’est dégagé est que les Africains devraient aujourd’hui s’unir pour créer ensemble un ou des médias internationaux qui disposeront d’une » masse critique » suffisante pour leur assurer une audience significative, et des moyens de travail concurrentiels. Ce ou ces médias seront les témoins de cette évolution positive de l’audiovisuel africain.
Afrik : Pour donner une nouvelle image de l’Afrique ?
Christine Kelly : Il apparaît aussi clairement que l’Afrique pâtit à l’extérieur d’une des lois de la communication contemporaine : on ne raconte pas le voyage des trains qui arrivent à l’heure! Les médias mondiaux sont attirés par ce qui se voit, donc ce qui fait sensation ou émotion, et c’est souvent ce qui est négatif. D’où une peinture catastrophiste du continent qui ne s’intéresse pas à tout ce qui se porte bien en Afrique. Mais en la matière, l’Afrique est logée à la même enseigne que tous les pays du monde !
Afrik : Ce séjour au Gabon changera-t-il l’image que vous donnerez désormais de l’Afrique en France sur La Chaîne Info (LCI) ?
Christine Kelly : C’est vrai que j’ai été particulièrement sensibilisée aux réalités des médias africains, aux problèmes de mes confrères et consoeurs gabonais, et à la réalité de leur travail ici au Gabon. Je pense qu’en effet l’image que je donnerai demain de l’Afrique sur LCI sera plus juste, mieux proportionnée à la vérité de ce qui est vécu dans ce pays. Il ne s’agit pas de montrer une Afrique seulement plus positive ou plus utopique, mais une Afrique plus proche de la réalité. C’est finalement la meilleure manière de défendre l’Afrique et son image : la dépeindre fidèlement, sans préjugés.