Le gouvernement marocain a réprimé violemment une manifestation publique des chômeurs diplômés. La marche pacifique a dégénéré en drame. Bilan : 60 blessés dans les rangs des chômeurs. C’est la faute aux forces de l’ordre, accusent la presse et les partis politiques.
» Le gouvernement de Youssoufi est essoufflé. Il est débordé par sa gauche. Il a peur que le mouvement des chômeurs ne fasse tâche d’huile alors que les élections approchent « , analyse un éditorialiste marocain. Et la police a décidé de répondre aux revendications des chômeurs qualifiés par la matraque. Le nombre de demandeurs d’emploi sortis des universités est en nette progression, essentiellement dans les filières littéraires et les sciences humaines. Les jeunes diplômés voient leur horizon professionnel bouché. Mardi dernier, ils décident de faire une marche pacifique, malgré son interdiction par les autorités, jusqu’à l’hémicycle de la Primature (Parlement) à Rabat. Ce n’est pas la première fois qu’ils étalent sur la place publique leurs problèmes. Mais, cette fois-ci, les forces de l’ordre ont décidé d’utiliser la manière forte. Bilan : 60 blessés parmi les manifestants.
Fallait-il en arriver là ?
» La marche a vite tourné au drame. Sitôt la foule réunie, la police est entrée en action, matraque au poing. En l’espace de quelques minutes, les trottoirs de l’avenue Mohammed V se sont retrouvés jonchés de dizaines de corps, les habits parfois tâchés de sang. Aucune provocation ni attitude hostile ne justifiaient pourtant une telle réaction de la part des forces de l’ordre bien que la marche n’ait pas été autorisée « , s’indigne Abdelfattah Berhil dans l’Economiste. Le quotidien marocain titre » fallait-il en arriver là ? » en accusant clairement la police d’être responsable du drame.
Dans sa charge contre les manifestants, la police n’a pas fait dans le détail. Passants et journalistes ont également eu droit à des coups de matraque. Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a décidé de porter plainte contre les forces de l’ordre et demande au gouvernement d’instituer une commission d’enquête. Les chômeurs ont décidé de » continuer leur combat sous toutes les formes « . Un nouveau dérapage n’est pas exclu.