Le pays des droits de l’Homme s’est couché devant la dictature de Ben Ali. Le Président français Jacques Chirac a entamé mercredi une visite de deux jours chez son homologue tunisien Zine El-Abidine Ben Ali. Une visite qui aurait pu changer la vie des Tunisiens. Leur redonner espoir en l’avenir. Il n’en fut rien.
Le pays des droits de l’Homme s’est couché devant la dictature de Ben Ali. Le Président français Jacques Chirac a entamé mercredi une visite de deux jours chez son homologue tunisien Zine El-Abidine Ben Ali. Une visite qui aurait pu changer la vie des Tunisiens. Leur redonner espoir en l’avenir. Il n’en fut rien.
M. Chirac a salué le bilan économique de son grand ami, qualifié d’ « exemplaire ». Il a même insisté sur « la consolidation de la démocratie » et sur le fait que « le caractère libéral, respectueux des libertés soit de plus en plus affirmé » en Tunisie. Mais quelle démocratie ? Quelles libertés ? Dans ce pays, il n’y a pas besoin d’être voyant pour connaître le résultat des élections. L’opposition n’est autorisée que si elle soutient, même de loin, la politique du gouvernement au pouvoir. Les dissidents sont jetés en prison et torturés. Les médias sont très strictement contrôlés sur le territoire, et toute information extérieure est tronquée ou interdite. Les journalistes Hamadi Jebali et Abdallah Zouari sont emprisonnés parce qu’ils travaillaient pour des publications islamistes non officielles. Les associations de défense des droits de l’Homme sont constamment traînées devant les tribunaux pour qu’elles ne puissent pas défendre ceux que le régime opprime. Toute manifestation pour crier à l’injustice est sévèrement réprimée. La liste est encore longue.
C’est ça l’héritage que la France à légué à l’Humanité en 1789 ? Ce sont ces droits là que les Français réclamaient ? Quelle hypocrisie ! M. Chirac ne voudrait pas de cette démocratie fantoche chez lui. Et à juste titre. Mais comment peut-il dire sans ciller que « le premier des droits de l’Homme, c’est de manger, d’être soigné, de recevoir une éducation et d’avoir un habitat. De ce point de vue, il faut bien reconnaître que la Tunisie est en avance sur certains autres pays ». Minimiser les graves atteintes aux droits de l’Homme dans ce pays revient à les cautionner. Ni plus, ni moins.
C’est dire à M. Ben Ali que sa politique répressive n’est pas condamnable. Pire, qu’elle va dans le bon sens. Combien de temps la France restera-t-elle sourde aux demandes de ses propres organisations pour une société juste et libre en Tunisie ? Combien de temps va-t-elle rester aveugle face aux multiples grèves de la faim qui éclatent dans ce pays et qui sont le seul moyen de pression pour se faire entendre ?
A moins que ce genre de lutte désespérée ne soit considérée comme une preuve de modernité. « En France aussi nous avons des gens qui ont fait la grève de la faim, qui font la grève de la faim et qui feront un jour la grève de la faim. » Pourquoi ce fatalisme ? Est-ce parce que ça se passe en France que ce n’est pas une forme de protestation qui doit être jugée alarmante ? L’avocate Radhia Nasraoui ne s’alimente plus depuis maintenant cinquante et un jours et risque sa vie pour que cessent les pressions de la police politique sur elle et sa famille. Comment comparer ce type de grèves de la faim et celles qui se déroulent en France sans sous-entendre que ces deux régimes se ressemblent…