Le président français en tournée est un spectacle. Son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, a dû avoir un pincement au coeur en voyant le peuple de Bab El Oued ovationner longuement et chaleureusement Jacques Chirac. Le bain de foule était impressionnant.
« Chirac champion du monde », criaient certains jeunes. Les services de sécurité algériens n’en revenaient pas. Habitués à garder une distance « logique » avec la population. Ils se souviennent qu’il y a trois semaines, Abdelaziz Bouteflika a été caillassé par les mêmes jeunes.
L’opposition tunisienne crie au secours. Elle voit dans le voyage du président français à Tunis un soutien à Ben Ali et au référendum permettant à ce dernier de se représenter encore. Elle voit ses chances de faire chuter le régime de Ben Ali s’éloigner. En clair, la France préfère la stabilité policière de Ben Ali à une aventure démocratique.
Jamais en manque de promesses, Jacques a su trouver les mots qui réconfortent au Maroc. Il a eu des mots doux pour les Marocains. En parlant du Sahara Occidental, il a utilisé le lexique chérifien : Provinces du Sud. En campagne, le candidat Chirac n’a oublié personne. Même les électeurs français d’origine musulmane ont trouvé place dans le discours élyséen. Drague intégrale. Et avec du tact.
À Alger, Jacques Chirac se montre solidaire « avec émotion », à Tunis, il conforte Ben Ali dans sa succession « dans le respect des droits de l’Homme » et à Rabat, il retrouve un partenaire privilégié, ami et fils d’un ami de 30 ans. Grand jeu de séduction et acrobaties diplomatiques. Tout est réussi ! Tambour médiatique.