Toutes les blessures doivent se cicatriser, toutes les haines doivent finir par se taire, toutes les guerres finissent par s’effacer. La visite de Jacques Chirac a Alger ne sonnera pas seulement comme par un coup de clairon l’ouverture de « Djazaïr, Une Année de l’Algérie en France en 2003 », elle viendra aussi mettre un terme à quarante années de déchirement franco-algérien, répondant à la visite d’Etat d’Abdelaziz Bouteflika à Paris en 2000.
Il n’y a pas de cas de décolonisation plus sanglante, plus difficile, plus injuste, plus douloureuse, plus laborieuse. Et pourtant l’Algérie et la France sont deux pays frères, et les travaux scientifiques en cours pour la préparation de grandes expositions de l’Année de l’Algérie révèlent jour après jour l’antiquité de leurs rapports : échanges commerciaux depuis l’époque gallo-romaine, tout au long du Moyen-Age, échanges permanents entre les côtes françaises et algériennes au XVI et XVIIèmes siècles… C’est aussi toute cette continuité historique qu’il s’agit de recoudre, en fermant la triste parenthèse de ces quarante ans où France et Algérie se sont volontairement tourné le dos !
L’histoire est longue, et l’avenir dure longtemps. Jacques Chirac et Abdelaziz Bouteflika le savent, pour avoir l’un et l’autre connu les aléas de destins politiques complexes. L’un et l’autre savent bien que l’une des tâches urgentes qu’ils ont à accomplir, pour leurs pays respectifs, consiste à parachever ce rapprochement nécessaire. Algériens et Français sont frères : il est temps que la famille puisse se serrer à la même table.