L’intensification des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique promet des opportunités, mais soulève des inquiétudes sur l’équité et l’impact à long terme pour le continent.
Depuis plusieurs décennies, la Chine s’est imposée comme un partenaire commercial incontournable pour l’Afrique. Grâce à des investissements massifs, notamment dans les infrastructures, et à des accords commerciaux avantageux, Pékin a réussi à tisser des liens économiques étroits avec de nombreux pays africains. Cette dynamique s’est encore accentuée au cours des dernières années, notamment à travers l’initiative « Belt and Road » qui a consolidé la position de la Chine comme principal acteur du développement sur le continent.
Une hausse des échanges, mais un déséquilibre persistant
Les chiffres récents publiés par l’administration générale de la douane chinoise révèlent une augmentation de 5,5% des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique durant les sept premiers mois de 2024, atteignant un volume total de 166,3 milliards de dollars.
Cependant, cette croissance cache un déséquilibre persistant dans la balance commerciale, largement en faveur de la Chine. Les exportations chinoises vers l’Afrique se sont élevées à 97,6 milliards de dollars, tandis que les importations africaines n’ont atteint que 68,7 milliards de dollars.
Malgré les efforts de Pékin pour rééquilibrer les échanges, notamment à travers la suppression des droits de douane sur 98 % des produits importés de 21 pays africains depuis 2022, l’écart reste significatif. Ce déséquilibre chronique pose des questions sur la viabilité à long terme de cette relation commerciale.
La domination des biens intermédiaires dans les échanges
Une analyse plus approfondie des flux commerciaux met en lumière la prédominance des biens intermédiaires, qui représentent 68% de la valeur totale des échanges bilatéraux. Ces produits, qui sont destinés à être transformés ou intégrés dans la fabrication d’autres biens, sont essentiels aux chaînes de valeur mondiales. Ce constat reflète l’interdépendance croissante entre les économies chinoise et africaines, mais aussi la difficulté pour l’Afrique de monter en gamme dans ces chaînes de production.
Les exportations chinoises vers l’Afrique sont majoritairement composées de produits manufacturés à forte valeur ajoutée, tels que les textiles, les machines et les équipements électroniques. En revanche, les importations africaines sont dominées par des matières premières, notamment le pétrole, le cuivre, le cobalt et le minerai de fer. Cette asymétrie soulève des préoccupations quant à la capacité de l’Afrique à développer son secteur industriel de manière durable.
Défis et opportunités pour l’avenir
La progression des échanges commerciaux entre la Chine et l’Afrique est indéniablement positive sur le plan économique. Toutefois, elle masque des défis structurels importants. Le déséquilibre persistant de la balance commerciale en faveur de la Chine renforce la dépendance économique du continent africain vis-à-vis de Pékin. De plus, la concentration des exportations africaines sur les matières premières rend les économies du continent vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux.
Malgré ces défis, cette relation commerciale dynamique offre également des opportunités. Les investissements chinois dans les infrastructures et le transfert de technologies pourraient être des leviers pour l’industrialisation de l’Afrique. Le véritable défi pour les pays africains sera de tirer parti de ces échanges pour diversifier leurs économies et renforcer leur position dans les chaînes de valeur mondiales.