Chiluba à la barre


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L’ex Président zambien Frederick Chiluba comparaît depuis mardi à Lusaka, avec six complices présumés, pour corruption. L’ancien homme fort du pays aurait détourné plus de 40 millions de dollars des caisses de l’Etat pendant ses deux mandats. Ses tentatives pour reculer l’échéance auront été vaines. Son procès pourrait durer plusieurs années.

Chiluba devant les juges. Le premier Président élu zambien comparaît depuis mardi à Lusaka. Il est jugé pour le détournement présumé de plus de 40 millions de dollars de fonds publics. Les responsables diplomatiques et financiers qui auraient épaulé Frederick Chiluba seront également dans le box des accusés. Un procès attendu de longue date.

« Depuis le début de l’audience, Frederick Chiluba est en apparence très calme, témoigne un agent de police zambien présent au procès. Il reste égal à lui-même, toujours très élégant ». Il conserve la même ligne de défense et plaide encore et toujours « non coupable ». Difficile pour l’instant de savoir si les faits reprochés sont fondés. Les premiers témoignages sont plutôt contradictoires.

Un réseau international

Mais une chose semble sûre, si Frederick Chiluba est coupable des quelque 160 accusations de vols qui lui sont reprochées, il n’a pas agi seul. D’où la comparution dans ce même procès de quatre anciens hauts fonctionnaires, dont l’ex chef du service des renseignements Xavier Chungu et de l’ancien secrétaire permanent du ministère des Finances Stella Chibanda, ainsi que deux hommes d’affaires. Avec l’aide de complicités extérieures, notamment en Afrique du Sud, en Belgique, en Grande Bretagne, aux Etats-Unis et aux Antilles, plus de 40 millions de dollars ont été détournés des caisses de l’Etat.

Le tout subtilisé pendant les deux mandats présidentiels de Frederick Chiluba (1991-2002). L’argent aurait été envoyé à Londres (Angleterre) sur un compte ouvert dans la filiale de la Banque nationale commerciale de Zambie (Zambia National Commercial Bank, Zanaco). Le trou béant laissé dans la trésorerie a participé à aggraver, selon le président de la commission de lutte contre la corruption, Mark Chona, « la situation extrêmement difficile dans laquelle se trouve le pays aujourd’hui », rapporte la BBC. La Zambie compte parmi les pays les plus pauvres du monde, avec plus de 80% de ses citoyens qui vivent avec moins d’un dollar par jour.

Reculer pour mieux sauter

Cela faisait longtemps que les Zambiens attendaient le procès de Frederick Chiluba. Dès son ouverture, les curieux se sont pressés pour assister aux audiences. Ceux qui n’ont pas pu entrer dans la salle tendaient une oreille attentive aux fenêtres pour ne pas perdre une miette des témoignages. Les autres allument leurs téléviseurs ou achètent les journaux pour se tenir au courant des derniers rebondissements. Toutefois, « l’intérêt pour cette affaire s’est un peu émoussé avec le temps, explique l’agent de police. Cela fait longtemps que les gens entendaient parler de ce procès, mais ils ne savaient pas s’il allait commencer un jour. »

Et pour cause. L’ancien chauffeur de bus a tout essayé pour échapper à la justice. Il s’est notamment offert les services d’une solide équipe d’avocats pour laver son honneur. Il a tenté de bloquer les poursuites en se basant sur la constitution, qui accorde l’immunité aux politiciens pour les délits commis pendant leurs mandats. Le parlement a levé cette protection en juillet 2002. Une mesure qui s’inscrit dans la politique du Président Levy Mwanawasa, qui a déclaré une guerre sans merci à la corruption. Un acharnement que Frederick Chiluba assimile à un règlement de comptes, visant à détourner l’attention sur les manquements du présent gouvernement. Rien n’y a fait. Il est maintenant au cœur d’un procès qui pourrait durer plusieurs années. Et l’histoire pourrait être bissée. Le 16 décembre prochain, Frederick Chiluba comparaîtra aux côtés de Xavier Chungu pour le détournement présumé de quatre millions de dollars.

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