Cheikh Hassan Dahir Aweys, nouveau chef religieux en Somalie


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Cheikh Hassan Dahir Aweys a été nommé samedi en Somalie président du Conseil des tribunaux islamiques, suite à la prise de contrôle de la capitale, le 5 juin dernier, face à l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme. Le chef religieux a annoncé lundi vouloir appliquer la charia dans le pays. Il est accusé d’être un terroriste par Washington, ce dont il se défend.

Cheikh Hassan Dahir Aweys, nouvel homme fort de Mogadiscio. Le chef religieux a été nommé samedi à la tête du Conseil des tribunaux islamiques (CTI). Pays sans Etat en guerre depuis 1991, la Somalie a vu arriver un nouveau pouvoir vainqueur de l’Alliance pour la restauration de la paix et contre le terrorisme (ARPCT), soutenue par les Etats-Unis. Dorénavant, les milices islamiques possèdent trois des 18 régions que compte le pays et non des moindres. Cette conquête a déclenché le gel des relations entre le pays et les Etats-Unis. Ceux-ci ont écarté la possibilité de tout dialogue avec ce nouvel interlocuteur dépeint comme un « terroriste international ». Ce dont il se défend farouchement, arguant que son seul but est d’appliquer la loi islamique.

Pour une charia dogmatique

Issu du « courant jihadiste », le chef religieux a commencé comme modeste enseignant d’école coranique. Durant le début des années 1990, cheikh Aweys fut le chef militaire du groupe fondamentaliste Al-Ittihad Al-Islami, qui avait réussi à prendre certaines villes du pays. C’est lui qui créa le premier tribunal islamique à Mogadiscio au milieu des années 1990. En établissant une charia dogmatique partout dans le pays, le chef religieux de 71 ans explique uniquement avoir voulu répondre à la montée de la violence et à l’anarchie ambiante qui règne en Somalie. Il précise qu’il ne prend aucune décision seul, mais en concertation avec les chouras, conseils des responsables de la désormais dizaine de tribunaux de la ville.

Avant, la charia était certes appliquée, mais par des clans soufis et de manière plus modérée. Cheikh Hassan Dahir Aweys affirme avoir mis en avant « la volonté du peuple » pour justifier ses choix. Un de ses projets : interdire les cinémas, contraires, selon lui, à la culture islamique. « Les cinémas sont mauvais pour la santé, mauvais pour la société, mauvais pour notre culture », a-t-il expliqué. Déjà, durant l’été 2005, les tribunaux islamiques avaient violemment combattus les bars et les salles de cinéma, diffusants des vidéos jugées « immorales ».

Recherché par les Etats-Unis

Affichant une image de modéré, il est cependant recherché par Washington. Le gouvernement américain le considère comme une menace de la branche dure des mouvements islamiques, en lien avec Al-Qaïda. La Maison Blanche s’inquiète de voir la Somalie devenir un refuge pour des extrémistes islamiques. Le cheikh Hassan Dahir Aweys ne nie pas avoir eu des contacts par le passé avec Oussama ben Laden, à l’époque où ce dernier vivait au Soudan. Toutefois, il déclare qu’il n’a aujourd’hui plus aucun lien avec lui, ni avec son réseau.

Affirmant son indépendance, le cheikh se dit prêt à la guerre sainte contre toute force étrangère qui entrerait en Somalie. « Si nous décidons d’établir une république islamique, le reste du monde devra respecter ce choix », explique-t-il. Le cheikh ne semble pourtant pas être un homme de pouvoir. Ayant « accomplie son rêve », il a déjà évoqué sa prochaine démission. Se pose alors la question de la pertinence et de la portée de cette médiatique nomination…

Par Christelle Sélom Mensah

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