Cheb Mami est en concert à Bercy (Paris) samedi soir. Une occasion de revenir sur le parcours sans fausse note du « môme » algérien, petit prince du raï devenu roi des charts internationaux.
Cheb Mami est en concert samedi soir à Paris. C’est la première fois qu’un Maghrébin remplit à lui seul la salle du palais-omnisports de Bercy, la plus grande salle de spectacle parisienne. Cheb Mami, le « môme » en parler oranais, a bien grandit. Il a su attirer avec sa « voix de miel et d’or » tous les publics, d’Algérie, de France et d’ailleurs. Né en 1966 dans un faubourg de Saïda (petite ville à 200 km au sud d’Oran), c’est en assistant avec sa mère aux mariages et aux baptêmes qu’il s’imprègne des traditions musicales bédouines et citadines. A 8 ans, il chante dans les rues quand ses copains préfèrent le foot, à 12 ans, il mêle sa voix suraiguë aux maddahates (orchestres féminins traditionnels) et vocalise lors des banquets masculins et à 16 remporte le deuxième prix d’un concours à la télévision algérienne.
C’est alors que le producteur de Disco Maghreb (un label d’Oran), le repère. Nous sommes en 1982 et le jeune Mohamed Khelifati, alias Cheb Mami, est intronisé « plus jeune chanteur de raï ». Pendant trois ans, il enregistre une dizaine de cassettes, éditées de 100 000 à parfois 500 000 exemplaires. Il fait sa première apparition officielle en public au Premier Festival de Raï d’Oran en 1985. Son « raï des familles » – les chansons à l’eau de roses sont sa spécialité – détonne par rapport à celui de ses aînés, Cheb Khaled, Hamid ou Houari Benchenet, qui prône l’amour physique en termes crus.
Carrière internationale
Mais la recette marche. Lorsqu’il débarque à Paris la même année pour acheter du matériel, ses cassettes l’ont précédé. Barbès est sous le charme. En janvier 1986, il participe aux festivals raï de Bobigny et de la Villette (Paris), aux côtés des plus grands noms de ce courant musical. En décembre, il est le premier chanteur du genre à se produire dans la mythique salle de l’Olympia. Entre-temps, c’est Michel Levy de la maison disque Blue Silver qui devient son manager. En 89, deuxième passage triomphal à l’Olympia. La machine Mami est définitivement lancée.
Sa tessiture aiguë et son style novateur qui s’ouvre sur les sonorités occidentales font recette. En 94, c’est la consécration définitive : Cheb Mami signe son troisième album « Saïda » avec la major Virgin. Vendu à 100 000 exemplaires en France, double disque d’or en Algérie et disque d’or au Maroc, « Saïda » lui ouvre la voie des circuits internationaux. L’année 99 est l’année Mami : il donne un concert à Alger devant 100 000 personnes et chante avec Sting pour la finale du Superbowl aux Etats-Unis. Son duo avec la star anglaise, « Desert Rose », enregistré en 2000, devient un tube international.
En prévision du concert de samedi, les rumeurs vont bon train : il se pourrait bien que les deux chanteurs interprètent ensemble le fameux morceau. Mais le grand Cheb préfère garder ce genre de surprises secrètes.