L’extradition de Cheb Mami vers la France, qui a lancé, vendredi dernier, un mandat d’arrêt international contre lui, est fort improbable. Elle est même à exclure, selon une source judiciaire algérienne, qui rappelle que « partout dans le monde, la loi interdit l’extradition des nationaux ».
« L’éventualité de voir l’Algérie remettre Cheb Mami à la France pour le juger est fort improbable, voire à exclure, car la loi algérienne, comme celles des autres pays par le monde, interdit l’extradition des nationaux », a indiqué hier au Quotidien d’Oran une source judiciaire, qui s’est gardée de donner plus de détails sur ce dossier.
Sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis contre lui par les autorités judiciaires françaises après qu’il n’eut pas répondu présent à une convocation du tribunal de Bobigny (Paris), Cheb Mami, qui se trouverait depuis plusieurs semaines à Saïda, sa ville natale, selon des sources concordantes, est poursuivi en France pour «violence volontaire» sur une ex-compagne. Cependant, Cheb Mami « pourrait être jugé par la justice algérienne au cas où la France lui communique son dossier », ajoute encore la même source judiciaire algérienne, citant le cas du Franco-Algérien Henni Chobra, qui était recherché par les autorités françaises pour assassinat en France d’un jeune Français (lors d’une dispute avec un groupe de gitans), mais qui avait été jugé l’an dernier en Algérie (par le tribunal criminel d’Oran) et condamné à 20 ans de réclusion criminelle, et ce en dépit des efforts soutenus des autorités françaises pour rapatrier l’accusé et le juger en France. La même source judiciaire tient à souligner que lorsque Cheb Mami est entré, il y a quelques mois, en Algérie via Oran, il ne faisait pas l’objet d’un mandat d’arrêt, et qu’il était de ce fait entré légalement au pays au regard des autorités algériennes.
Pour rappel, le mandat d’arrêt international a été émis par le tribunal de Bobigny, près de Paris, après la non-présentation de Cheb Mami à une convocation devant un juge d’instruction le 14 mai. Mis en examen le 28 octobre pour «violence volontaire, séquestration et menace sur victime pour tendre à un retrait de plainte» sur une de ses anciennes compagnes, le chanteur avait été écroué au quartier VIP de la prison de la Santé à Paris. En février, il avait versé la caution nécessaire à sa remise en liberté et avait été placé sous contrôle judiciaire. Selon une source proche du dossier, il lui serait reproché d’avoir tenté de faire avorter une ancienne compagne.
D’après cette source, la victime, photographe de presse spécialisée dans le raï, serait partie à Alger à l’été 2005. Là, elle aurait été séquestrée dans la maison d’un ami de Cheb Mami, et deux médecins auraient procédé à un curetage. Cependant, revenue en France, la jeune femme aurait constaté la viabilité du foetus et décidé de garder l’enfant, une fille, qui serait aujourd’hui âgée de huit mois. Au cours d’une confrontation entre la plaignante, le chanteur et son manager, Cheb Mami aurait rejeté la faute sur son manager, l’accusant d’avoir tout orchestré. Il aurait par ailleurs reconnu être le père de l’enfant.
H. Saaïdia, pour Le Quotidien d’Oran