Cheb Bilal, l’une des grandes figures du raï algérien, fait face à une vive controverse au Maroc, où il était pourtant attendu pour se produire lors du Forum national de la pomme à Midelt le 19 octobre prochain. Alors que ce chanteur est depuis longtemps une star populaire dans le Royaume, des propos tenus en 2016 ont conduit à des appels au boycott.
Cheb Bilal est aujourd’hui persona non grata au Maroc. L’origine de cette tension remonte à une interview accordée en mai 2016 à la chaîne algérienne Echourouk, où Cheb Bilal avait été interrogé sur son désir d’obtenir la nationalité marocaine. Sa réponse, jugée condescendante, a profondément blessé le public marocain. Il avait en effet déclaré qu’il n’avait « pas besoin de la nationalité marocaine, même si on la lui donnait gratuitement ». Des propos maladroits mais qui n’avait pas vocation à dénigrer le Maroc. Seulement à rappeler que dans le Maghreb, la population des différents pays sont des frères et que la nationalité n’a rien à voir la dedans. Malgré une tentative de clarification où il affirmait que « la nationalité marocaine est dans son cœur », les tensions n’ont pas disparu.
Une controverse ravivée par sa venue à Midelt
Cheb Bilal, de son vrai nom Bilal Mouffok, né en 1966 à Cherchell, en Algérie, a acquis une grande notoriété à parti de la fin des années 1990, avec des succès tant en Algérie qu’au Maroc, où il a souvent été invité pour des concerts. Cependant, son annonce comme tête d’affiche du Forum de la pomme à Midelt dans quelques jours dans un contexte de tension politique entre les deux pays a relancé la polémique. Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes marocains se sont mobilisés pour demander l’annulation de sa participation, qualifiant sa venue d’« inacceptable » en raison des propos passés.
« Comment peut-on recevoir quelqu’un qui a insulté notre pays ? », s’interroge un utilisateur sur Facebook, tandis qu’un autre souligne que Cheb Bilal a « profité du succès au Maroc sans jamais se montrer reconnaissant ». Des journalistes marocains ont également pris position, appelant les organisateurs à rayer le chanteur de la programmation. Sa participation à des événements culturels dans le Royaume, autrefois vue comme un symbole de fraternité artistique, est désormais perçue par certains comme un affront par une frange extrémiste marocaines qui veut exacerber les tensions politiques. Il est bien triste de voir la culture faire les frais de la politique.