Chasse aux homosexuels en Namibie : la Constitution en question


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Drapeau de la Namibie
Drapeau de la Namibie

Le ministre de l’Intérieur namibien exhorte son pays à la discrimination à l’égard des homosexuels. Et se réfugie de façon maladroite derrière un texte constitutionnel qui prête à diverses interprétations.

Viols, cambriolages, vols de voitures,  » vices transfrontaliers  » et… homosexuels doivent être  » éliminés  » du territoire national, a affirmé, la semaine dernière, le ministre de l’Intérieur namibien, Jerry Ekandjo, devant un parterre de 700 jeunes policiers fraîchement diplômés. Et pour corroborer ses accusations, le ministre a déclaré que la constitution namibienne ne garantissait aucun droit aux gays et lesbiens, présents dans le pays.

Une incitation à l’homophobie qui a soulevé l’indignation de Rainbow Project, un groupe de défense des droits des homosexuels. Celui-ci a demandé au gouvernement, dans un texte public, de rejeter les propos de son ministre. Et de rappeler que la constitution protégeait tous les Namibiens :  » Comme n’importe quel citoyen de ce pays, ils (Ndlr : les homosexuels) doivent jouir du même droit à la liberté, au respect de la dignité humaine, à l’égalité, à la protection et à une vie privée, tels que stipulé par la constitution namibienne « .

Escalade homophobe

Le problème de l’interprétation de la constitution continue de se poser. L’article 10.2 condamne, certes, toute discrimination fondée sur l’appartenance sexuelle, religieuse, ethnique, sociale. Mais elle ne condamne pas explicitement l’intolérance basée sur la préférence sexuelle. L’Afrique du Sud a montré l’exemple sur le sujet, en mentionnant ouvertement cette notion dans sa nouvelle constitution de 1996. En revanche, dans de nombreux pays voisins de la Namibie, l’homosexualité est, selon les textes de lois, illégale et passible de sanctions pénales, comme au Botswana, en Ouganda ou en Zambie. Le Raimbow Project rappelle cependant que la  » constitution namibienne traite des droits et non de la moralité.  »

Les remarques de Jerry Ekandjo montent d’un cran dans l’escalade à l’homophobie qui s’opère depuis 1995, quand un autre pays allié, le Zimbabwe se lancait dans une campagne anti-gays. En juin dernier, le président namibien, Sam Nujoma, avait lui-même déclaré que les homosexuels détruisaient la Nation et n’étaient pas légitimes au regard de la Bible. Une semaine après, le bureau d’un magazine féminin indépendant, Sister Namibia, fer de lance de la défense des droits des homosexuels, était saccagé.

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