Charlotte Soula, une figure féminine au Front National. Elle est le nouveau chef de Cabinet de la présidente du parti de Marine Le Pen. Sa particularité ? Elle est née en Algérie.
Portrait.
Le Front National compte dans ses rangs de plus en plus de femmes et d’hommes d’origine étrangère. Mais il y en a bien une qui se démarque actuellement, c’est Charlotte Soula, directrice de Cabinet de Marine Le Pen depuis septembre dernier. A 43 ans, Charlotte Soula a fait le tour de la droite. Du RPR à l’UMP en passant par le Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers, elle fait partie des « déçus du sarkozysme ». Cette ancienne UMP, polie aux valeurs de la droite républicaine, souverainiste de conviction, voit désormais la vie en bleu marine. Une aubaine pour Marine Le Pen qui déclarait dans une interview sur Public Sénat que « le parcours de Charlotte Soula est un parcours que je retrouve beaucoup récemment au sein du Front National. Des gens qui ont définitivement perdu tout espoir dans les promesses de l’UMP » et « qui n’ont aucun espoir dans la nouvelle direction ».
Elle pourrait être le nouveau produit « beurette » marketing d’un parti longtemps discrédité du fait de sa légendaire étiquette de « raciste » qui lui colle aujourd’hui encore à la peau, malgré le ménage de printemps entrepris par Marine herself après son élection à la tête du parti, lors du Congrès de Tours en janvier 2011. Il est donc venu le temps de mettre du baume au cœur du parti. Place désormais au nouveau visage d’un FN qui affirme vouloir se tourner vers une France pluriculturelle, une France aux multiples visages… Une France « black-blanc-beur » mais française !
« La Rachida Dati du FN »
Attention. Soula prévient, elle ne souhaite surtout pas être « perçue comme la Rachida Dati du FN ». Est-ce la raison pour laquelle ne figure que Charlotte tout court sur les affiches de la campagne législative ? Ou était-ce une demande expresse des cadres du Front National pour faire plus propre ? Elle assure que non. Celle-ci ne veut tout simplement pas être taxée de « beurette de service », bien que tout le monde soit au courant que Charlotte Soula, ex-Tamou Soula puis Tamou-Charlotte Soula (après sa conversion au catholicisme), est née en Kabylie. Toutefois, c’est depuis qu’elle est au Front National qu’elle se fait appeler Charlotte plutôt que Tamou. Un raccourci qui ne lui aura en tout cas pas permis de remporter les Législatives de 2012 dans la 12e circonscription du Pas-de-Calais sous l’étiquette du « Rassemblement Bleu Marine ». Arrivée pourtant en tête au premier tour avec 25,69% des suffrages, le ralliement de la gauche au second tour aura eu raison d’elle. Elle est battue par le socialiste Nicolas Bays.
Des idées nationalistes bien avant le Front National
Fille d’ouvrier, née en Algérie (Kabylie), Charlotte Soula passera son enfance dans la banlieue de l’Essonne. C’est lorsqu’elle plie bagage pour Montpellier où elle suit des cours d’histoire, qu’elle rejoint le RPR, où Philippe Seguin la chapeaute. Déjà, elle milite pour un retour aux frontières, à l’ordre et à l’autorité. Son Deug en poche, elle fait le tour des Cabinets ministériels où elle travaillera aux côtés de François Fillon au ministère des Affaires sociales ou encore de Christine Lagarde. Elle compte parmi ses amis de longue date Henri Guaino. D’ailleurs, lors du baptême de son fils en décembre 2011, Henri Guaino a choisi Charlotte Soula comme marraine. A l’époque, la nouvelle fait mouche. La presse enchaîne Guaino qui rassure aussitôt en affirmant que « ce n’est pas le Front National qui est la marraine » de son fils avant de rappeler qu’il « assumait ses amitiés ».
Le Front national, elle y est propulsée notamment par le biais de Florian Philippot, le sous-marin de Marine Le Pen, qu’elle a rencontré en 2009. Deux ans après, Soula, définitivement déçue de l’UMP, change de camp. Elle découvre en Marine Le Pen « un vrai discours républicain prônant l’assimilation pour les étrangers et pas l’intégration ». L’ascension fulgurante que connaît Charlotte Soula au sein du FN est aussi, directement ou indirectement, un moyen de communication d’attirer cette frange décomplexée d’enfants d’immigrés de France.
