Le siège de la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo à Paris a été incendié ce mercredi suite à l’annonce de la publication de son nouveau numéro consacré aux élections en Tunisie, baptisé « charia hebdo ». Son site internet a également été piraté.
Le siège du journal Charlie Hebdo à Paris n’est plus que ruine. Les locaux de l’hebdomadaire ont été détruits par un incendie volontaire dans la nuit ce mercredi. L’incendie, qui s’est déclenché suite à un jet de cocktail molotov « aux alentours de 1h du matin » au 62 boulevard Davout (XXe arrondissement), est « maîtrisé et n’a fait aucun blessé », selon une source policière. Pour le moment « il n’y a pas d’interpellation, a-t-elle souligné. « Tout a été détruit », selon le dessinateur, rédacteur en chef et directeur de la publication, Charb. Une enquête confiée à la brigade criminelle de la police judiciaire de la préfecture de police (PJPP) a été ouverte au Parquet de Paris pour mettre la mains sur les auteurs de l’incendie, inconnus à ce jour.
Pour le journal, l’incendie est directement lié à la publication de son nouveau numéro ce mercredi, consacré aux élections en Tunisie, intitulé « charia hebdo ». L’hebdomadaire a décidé de faire du prophète Mahomet son rédacteur en chef pour « fêter la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie ». Sur la couverture on peut en effet y voir une caricature du prophète Mahomet hilare qui dit : « 100 coups de fouet pour celui qui n’est pas mort de rire !» Il signe l’éditorial et commente l’actualité de façon humoristique à toutes les pages. Une double page est consacrée à « la charia molle », et une autre aux femmes, intitulée « Charia Madame ». « Ce n’est pas la première fois que nous dessinons Mahomet, nous le faisons presque toutes les semaines, souligne Charb. Nous voulions réagir à l’annonce de l’instauration de la charia en Libye et à la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie. »
Vives protestations sur Facebook et Twitter
Les menaces à l’encontre du journal ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux Twitter et Facebook depuis dimanche soir. Sur certains comptes Twitter, l’on pouvait lire « cette couverture est une insulte ». Des journalistes qui ont reçu quelques dessins sous la forme d’un communiqué de presse ont commencé à les diffuser dimanche sur les réseaux sociaux. « Sur Twitter, sur Facebook, on a reçu pas mal de lettres de protestation, de menaces, d’insultes », que la direction du journal s’apprêtait à transmettre à la police, a indiqué le rédacteur en chef. Le site L’Islam en France a également publié lundi un article intitulé « Et si on brûlait mon Charlie Hebdo, juste pour rigoler évidemment », dans lequel il s’est indigné de la nouvelle couverture du journal. L’auteur a proposé différentes idées pour répondre « aux dessins provocateurs ». Parmi lesquelles, « acheter en masse ces torchons et les brûler en public » ou « prendre d’assaut pacifiquement Charlie Hebdo ». La rédaction a également reçu des menaces de mort par courriels : « on va tous vous tuer » ou encore « l’islam vaincra ». Le site de l’hebdomadaire a également été piraté et renvoyé, mercredi matin vers 7 heures 30, à une page montrant la Mecque avec ce slogan : « Not god but Allah » (pas d’autre Dieu qu’Allah).
Pour le rédacteur en chef Charb, l’Islam est loin d’être la cible principale du journal. « Nous avons critiqué beaucoup plus les intégristes catholiques. En 19 ans, nous avons eu 13 procès avec certains d’entre eux et un seul avec des musulmans, a-t-il dit. On ne se lève pas chaque matin en se disant : « qu’est-ce qu’on va pouvoir raconter sur l’islam aujourd’hui? ». Ce n’est pas la première fois qu’une publication de Charlie hebdo est vivement contestée. En 2008, la Cour d’appel de Paris a relaxé l’hebdomadaire, poursuivi par la grande mosquée de Paris et l’Union des organisations islamiques de France (UOIF) pour avoir publié, deux ans auparavant, des caricatures du prophète Mahomet, dans un journal danois.
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