La ville de Ndélé, au nord de la Centrafrique, a été le théâtre d’affrontements entre les forces gouvernementales et la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP). Mené par l’ancien ministre de François Bozizé, Charles Massi, qui a rallié la rébellion, ce groupe multiplie les attaques dans le pays afin de déstabiliser l’actuel président à l’approche des élections qui doivent se tenir en 2010.
Charles Massi, chronologie :
25 juillet 1952 : naissance à Baboua Octobre 1993 – Juin 1996 : Ministre des Ressources Énergétiques et Minérales 1997 – 1997 : Ministre de l’Agriculture et de l’Elevage 2005 – 2006 : Ministre à l’Equipement, aux Transports et à l’aviation Civile 2006 – 2008 : Ministre au Développement Rural 2008 : Rentrée en rébellion Mai 2009 : Arrestation pour haute trahison de la Centrafrique au Tchad Juin : libération par les autorités de N’Djamena |
Charles Massi revient à la charge. Son but : renverser l’actuel président centrafricain, François Bozizé. Le chef du groupe rebelle armé, la Convention des patriotes pour la justice et la paix (CPJP), a remporté sa première victoire. Mercredi, ses hommes ont pris d’assaut la ville de Ndélé dans le nord du pays, située à une centaine de kilomètres de la frontière tchadienne. Selon le CPJP, le bilan serait de 3 morts côté rebelle et d ‘« une dizaine de morts dans les rangs gouvernementaux ». Une attaque qui, pour les autorités centrafricaines, est l’oeuvre d’une « coalition de circonstance : CPJP et d’autres factions rebelles inconnues ».
Haute trahison
Depuis plusieurs années, Charles Massi est dans la ligne de mire du gouvernement de François Bozizé. Lui et sa coalition sont perçus comme « des assoiffés de pouvoir qui tentent pas tous les moyens de satisfaire leurs intérêts égoïstes ». Cet officier supérieur né le 25 juillet 1952, à Baboua, est perçu comme le traitre de la République centrafricaine (RCA). Plusieurs fois ministre sous le chef d’Etat Ange-Félix Patassé, renversé en 2003 et de l’actuel président, il avait intégré en 2008 la rébellion des forces démocratiques pour le rassemblement (UFRD) d’Abdoulaye Myskine.
Mais Charles Massi a changé de camp et s’est tourné vers la CPJP, après l’annonce de la signature des accords de paix entre l’UFDR et le gouvernement dans le cadre du dialogue politique inclusif (DPI), forum de crise sortie. Le groupe armé (CPJP) avait qualifié le DPI « d’échec » et demandé notamment « la dissolution du gouvernement formé le 19 janvier » sur recommandation de ce forum, en accusant d’être une équipe « de campagne » pour François Bozizé en vue de l’élection présidentielle de 2010. Ce ralliement à des mouvements rebelles n’a pas été apprécié par le gouvernement centrafricain. Arrêté en mai dernier près de la frontière centrafricaine au Tchad, sous l’accusation de tentative de déstabilisation de la RCA, il a été libéré un mois plus tard par les autorités de N’Djamena.
Charles Massi, désormais libre, a pu mener des attaques dans la ville de Ndélé comme en juin dernier. Ces combats ont conduit des mouvements de population et notamment à la création d’un camp de quelque 6000 réfugiés à Daha, au Tchad. Ces attaques visent à déstabiliser François Bozizé et présagent du retour sur la scène politique de Charles Massi.