Ce jeudi matin s’est ouvert la conférence internationale des donateurs aux pays victimes du séisme et du tsunami en Asie du Sud, à Djakarta, en Indonésie. Des donateurs dont font également partie des pays africains. Démarche louable certes mais tout ceci est-il bien raisonnable ? C’est la question qu’on pourrait légitimement se poser quand on voit le continent africain se mobiliser…financièrement pour porter secours aux victimes du tsunami en Asie du Sud-Est.
Ce jeudi matin s’est ouvert la conférence internationale des donateurs aux pays victimes du séisme et du tsunami en Asie du Sud, à Djakarta, en Indonésie. Des donateurs dont font également partie des pays africains. Démarche louable certes mais tout ceci est-il bien raisonnable ? C’est la question qu’on pourrait légitimement se poser quand on voit le continent africain se mobiliser…financièrement pour porter secours aux victimes du tsunami en Asie du Sud-Est. Un drame qui endeuille depuis le 26 décembre dernier la planète entière. Il ne s’agit pas de remettre en question l’élan de compassion qui nous traverse tous face à l’une des plus importantes catastrophes naturelles de tous les temps. Catastrophe qui a fait aussi des victimes africaines : 150 morts et près de 54 000 personnes sont directement affectées en Somalie. Et ce ne sont pas les seules sur le continent.
On ne vous demande rien…Sinon de mieux gérer les deniers publics
Mais quand le Nigeria, géant pétrolier certes, débourse 1 million de dollars (les Nations Unies ont demandé à tous les donateurs d’honorer leurs engagements), alors que les Nigérians dans leur grande majorité meurent de faim, on se demande bien si l’hôpital ne se moque pas de la charité ? A noter que cette somme représente le 1/5 de l’aide en provenance de l’Afrique. Et le président nigérian, Olusegun Obasanjo, a poussé le vice jusqu’à demander à ses compatriotes de faire des dons. De qui se moque-t-on ? Qu’il commence déjà par faire baisser le prix de l’essence à la pompe ! Dans le même registre, le clergé béninois se mobilise alors que les enseignants sont en grève pour protester contre le niveau trop faible de leurs salaires. Il pourrait, par exemple, dans une perspective plus constructive, faire une collecte pour revoir à la hausse les salaires des enseignants des établissements catholiques durant ne serait-ce qu’une courte période.
Le Nigeria imite l’Afrique du Sud, du moins Obasanjo imite peut-être Mbeki. Mais le président sud-africain a des raisons, lui, de se mobiliser. Plusieurs centaines de Sud-Africains sont portés disparus. Il ne s’agit pas, là non plus, de dire que le degré d’implication doit se rapporter au nombre de morts. Même si parfois on pourrait en avoir l’impression. L’Union européenne se serait-elle si fortement impliquée s’il n’y avait pas eu autant de ressortissants européens disparus en Asie du Sud ? Bref ! Là n’est pas le problème. La question fondamentale qui se pose est la suivante : l’Afrique doit-elle se montrer si généreuse alors qu’elle est le continent le plus pauvre du globe. Certains experts s’inquiètent d’ailleurs que ce regain d’intérêt pour l’Asie du Sud-Est ne détourne l’aide accordée à l’Afrique. Une aide qui ne cesse justement de décroître.
Occupons-nous de nos affaires !
« Je suis très inquiet », a affirmé, Mike Sackett, directeur régional pour l’Afrique Australe du Programme alimentaire mondial (Pam). Son organisation a déjà beaucoup de mal à trouver des fonds pour nourrir les populations de cette région. Un des pays donateurs s’était déjà désisté du fait de la situation dramatique que vit l’Asie du Sud-Est. Et quand, mardi dernier, Médecins Sans Frontières se voit obligé de lancer un appel pour faire cesser les dons en faveur des victimes du séisme en Asie, on ne peut s’empêcher d’être quelque peu révolté en pensant à cette autre campagne pour le paludisme. Une campagne pour laquelle l’organisation non gouvernementale ne pourra jamais se permettre de refuser de l’argent. Cette solidarité financière, hormis celle de l’Union africaine, qu’elle a elle-même qualifiée de « symbolique » (nous sommes des Africains, nous savons donc l’importance des symboles), est d’autant plus mal placée qu’il y a d’autres manières d’apporter son aide. Le Kenya a mis à disposition un expert, le Colonel Boventure Wendo, l’un des trois du continent en matière de gestion de catastrophes. C’est un geste utile qui a le mérite de valoriser le continent et d’être, un critère déterminant, dans notre cas, peu onéreux.
Partout en Afrique (n’exagérons rien, mais tout de même), on meurt de faim, de la pauvreté et de la guerre. Et les organisations internationales ne cessent de quémander de l’argent pour le Darfour, la lutte anti-acridienne… A la limite, quitte à froisser certains dirigeants africains, les Nations Unies devraient de façon unilatérale affecter les dons reçus des pays africains, dans le cadre de l’assistance aux victimes du tsunami, à des causes africaines. Personne ne leur en voudra et la démarche serait fort à propos. Afrique, mon Afrique, me permettras-tu de te rappeler que le proverbe dit : charité bien ordonnée commence par soi-même… Et que bien évidemment, les populations d’Asie qui sont parfois aussi démunies que les Africains comprendront que nous ne puissions leur apporter que notre compassion. Entre laissés pour compte (ce qui n’est pas le cas actuellement), on se comprend !