Peu familiers à la couverture des grands événements culturels, les journalistes africains peinent quelquefois à offrir une information digeste et variée à leurs téléspectateurs. A Ouagadougou, du 28 février au 7 Mars, en marge du Festival Panafricain du Cinéma et de la Télévision de Ouagadougou, une formation initiée par Canal France International (CFl) au profit de 13 journalistes africains francophone, tente de palier cette faiblesse professionnelle.
Notre correspondant au Burkina Faso
Bientôt seize heures, moment de la diffusion du magazine du jour. Les stagiaires s’impatientent de découvrir le fruit de leur travail. Dans la chambre d’hôtel, vaste d’à peine 25 mètres carrés, et qui tient lieu de salle de rédaction, règne un silence de cimetière, quand, à l’heure indiquée, s’affiche sur l’écran du téléviseur, le présentateur du jour. C’est Oscar Mbal, journaliste à la télévision nationale du Congo Démocratique. Ce jeune journaliste, tout comme douze autres professionnels des médias (cadreurs, monteurs et journalistes), venus du Burkina Faso, du Burundi, de la Côte d’Ivoire, du Niger et du Congo Démocratique, participent à la formation sur la couverture de grands événements culturels.
Initiée par CFI, cette formation vise surtout à les perfectionner à la technique du reportage à caractère culturel. Deux experts dispensent la formation : Sylvie Mervant, responsable des productions à France 3 et Philippe Radoux journaliste reporter d’images indépendant. Avec eux, les jeunes « apprennent de nouvelles méthodes de travail plus efficaces : apprendre à préparer son sujet, à anticiper les événements et de surtout travailler en équipe », explique Sylvie Mervant. Les stagiaires assimilent vite et bien « ils commencent à mieux exploiter les potentialités qui sommeillaient en eux maintenant », commente Phillipe Radoux. Leur magazine quotidien plaît au public « Je trouve que ça sort des reportages ordinaires faits d’ouverture et de clôture de séminaires », se satisfait une téléspectatrice.
Pour autant, cette formation changera-t-elle la couverture de l’actualité dans les rédactions ? Là-dessus, tous, encadreurs comme stagiaires sont unanimes. Cette initiative ne révolutionnera pas du coup les télévisions africaines, tous le savent. « Comment pourrais-je convaincre un aîné que ce qu’il fait n’est pas professionnel sans me faire traiter de jeune vaniteux et prétentieux ? » s’interroge Evelyne Déba Zegoua, présentatrice à la télévision ivoirienne. Cette limite, Guillaume Pierre, Directeur Afrique à CFI en est conscient :« ce n’est pas en un jour qu’on transformera la télévision africaine » fait-il observer. « Mais en montrant aux jeunes professionnels, une autre façon de faire, c’est déjà quelque chose de gagner. Rome ne s’est pas construit en un jour » conclut-il.