Cette dette qui étrangle le Mali


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Djourou une corde à ton cou du réalisateur suisse, Olivier Zuchuat, fait l’état des lieux d’un Mali qui croule littéralement sous le poids de sa dette extérieure. L’œuvre expose les répercussions économiques, sociales et politiques désastreuses de cette situation sur la population.

Par Nadège Ouinsou

« Qui paie ses dettes s’enrichit », dit le proverbe. Pourtant, la réalité malienne va visiblement à l’encontre de cette affirmation. Le film documentaire Djourou une corde à ton cou, du cinéaste suisse Olivier Zuchuat, dresse un bilan catastrophique de la situation économique, sociale et politique du Mali. La principale cause désignée de tous les maux du pays : sa dette extérieure. Ses bourreaux : la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire International (FMI).

Les montants empruntés déjà sept fois payés

Le documentaire met en évidence un paradoxe que connaissent la plupart des pays africains. Bien qu’il ait payé sept fois les montants empruntés, le pays s’enlise dans une dette sans fin, aujourd’hui estimée à 2,7 milliards de dollars. « Il y a une spirale infernale qui s’est mise en place ; on a fini par emprunter de l’argent pour rembourser la dette en faisant ainsi d’autres dettes », explique le réalisateur.

Le film s’appuie sur le point de vue de divers acteurs économiques au Mali : un ministre malien des Finances, un expert en économie du développement, des avocats helvétiques chargés de retrouver l’argent de la dictature dans les coffres des banques suisses, des paysans planteurs de coton et un représentant du Fonds Monétaire International.

« Qui aide qui ? »

Le reportage prend bien en compte le caractère multidimensionnel de la dette extérieure malienne. Ainsi, le spectateur qui connaît peu ou prou le pays a la chance de découvrir par la même occasion son histoire post-coloniale. L’auteur ne nous impose en aucun cas une vision manichéenne du monde. Bien au contraire, il expose sans parti pris, les torts partagés entre le Nord et le Sud. Certes, le gouvernement malien miné par la corruption a très mal géré les sommes qui lui ont été prêtées. Mais les pays du Nord, et la France en particulier, n’ont pas intérêt à supprimer la dette. C’est pourquoi le président de la banque mondiale, James Wolfensohn, déclarait lors d’une conférence de presse « si vous avez une société basée sur l’annulation de la dette, qui investira dans la dette ? L’annuler bousillerait le marché financier (ndlr) ». L’œuvre démontre clairement comment « les pays du Nord donnent d’une main ce qu’ils reprennent de l’autre ». Le narrateur pose donc une question cruciale : « qui aide qui » ? Les apparences seraient-elles finalement trompeuses ?

Olivier Zuchuat, a fait des études de physique mathématique. Il a travaillé comme dramaturge et metteur en scène sur des textes de Bertolt Brecht et de Heiner Müler. Passionné d’économie, il considère que « pour quelqu’un qui a un passé de mathématicien, les rouages de la macroéconomie sont quelque chose de fascinant ». Celui qui tende « de comprendre les mécanismes des grands flux financiers qui circulent autour de notre planète et leurs influences sur la vie des uns et des autres » avait réalisé son premier film autour de la spéculation sur les marchés des changes.

Djourou une corde à ton cou. Un film de Olivier Zuchuat. France – 2004 – 64 mn. Sortie cinéma le 8 juin 2005.

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